La radio connait ses balbutiements vers la fin du 19e siècle. Au fil du temps, elle a évolué pour devenir ce qu’elle est présentement. À l’ère du numérique, alors que les plateformes de streaming et les balados ne font qu’augmenter en popularité, la radio traditionnelle peut-elle rester un médium pertinent ?
Entre hier et aujourd’hui
Pour répondre à cette question, nous avons fait appel, entre autres, à Louis-Philippe Sutton, président de StatsRadio. Offrant un portrait plus régional de la situation radiophonique, StatsRadio mesure les audiences radio 365 jours par an, 24 heures sur 24.
«Les gens écoutent encore la radio pour les mêmes raisons qu’il y a vingt ans. Ils veulent se divertir et avoir accès à du contenu local», explique Louis-Philippe Sutton. Selon les données de StatsRadio, 55 % des auditeurs sont âgés entre 35 à 54 ans. C’est à partir de 25 ans qu’on commence habituellement à écouter régulièrement la radio.
Il faut cesser de voir le streaming et les balados du côté des compétiteurs. «Au niveau de l’auditoire, le streaming n’est pas une nouvelle menace. On remarque qu’il s’agit du même profil de gens qui écoutaient des disques ou leur iPod dans la voiture au lieu de la radio», dit Louis-Philippe Sutton. «Le streaming est, par contre, venu gruger du revenu parce que tout le monde peut acheter de la publicité sur Spotify. Pour les balados, c’est encore trop fragmenté pour intéresser un annonceur.»
Même s’il est possible d’écouter la radio numériquement, c’est-à-dire, à travers Internet ou une application, la radio traditionnelle est tout de même plus populaire. Elle ne semble pas en voie de disparition. «L’effet de gratuité et l’accessibilité font en sorte que les gens l’utilisent encore», explique Louis-Philippe Sutton.
Un reflet de nous-même
ICI Première et ICI Musique ont connu la plus forte augmentation de leur volume d’écoute dans le marché. Les deux stations de Radio-Canada dominent aussi sur le plan de la durée d’écoute hebdomadaire par auditeur selon les dernières données de Numéris. C’est comme si la pandémie n’avait pas du tout affecté ces stations.
«L’humain est au cœur de la radio et brise l’isolement. Au cours des dernières années, le lien s’est renforcé avec les auditeurs et il était plus fort durant la pandémie. Les gens se sont rapprochés de la radio», partage Caroline Jamet, directrice générale de la radio de Radio-Canada. «Le marché de la radio a quand même connu une baisse durant la pandémie. Les gens n’étaient pas en voiture, mais ils reviennent vers la radio maintenant. Avant la pandémie, 96 % des Montréalais francophones écoutaient la radio au cours de la semaine. Le chiffre est autour de 90 % présentement.»
Permettant le multitâche, l’audio est un contenu que les gens aiment de plus en plus, surtout le balado. «Le balado est en croissance. 23 % des francophones écoutent des balados», confie Caroline Jamet. «Les gens passent plus de temps sur les contenus, à peu près 5 h par semaine sur OHdio. Ils y vont 5 fois par semaine.»
En constante mouvance
Pour rester pertinent, il faut évoluer. «Pour s’adapter, il faut des équipes dynamiques avec du contenu local. Par exemple, il y a une station à Charlevoix qui a une grande équipe de journalistes. Cette station est devenue un moyen de faire la promotion de ses autres plateformes associées comme le site web, la page Facebook, l’infolettre. Dans ce cas-ci, cette station est plus grande que la radio», explique Louis-Philippe Sutton.
«Chez Radio-Canada, on s’est donné le pari de prendre une position au niveau de l’audionumérique. On pense que c’est l’avenir. On peut y offrir du contenu supplémentaire qui complète ce qu’il y a à l’antenne. On rejoint les auditeurs là où ils sont. Avec OHdio, on a développé une offre riche proposant des sujets variés», dit Caroline Jamet.
Radio-Canada offre également des lectures de biographies musicales, enrichies d’extraits et d’archives sur l’application OHdio. Par exemple, il y a la biographie Gerry Boulet : avant de m’en aller qui est lue par Dan Bigras. À travers la lecture, l’auditeur peut entendre des extraits d’entrevues et des extraits musicaux. C’est ce que l’audio permet.
«La radio est un médium qui va continuer d’être présent dans la vie des gens. Elle fait partie de la routine et nous accompagne tout au long de la journée. Elle apporte beaucoup à la vie des auditeurs. C’est un médium qui est là pour rester», termine Caroline Jamet.
En conclusion, la radio, en plus de 100 ans d’existence, a su évoluer avec son temps et les technologies. Elle se nourrit de cette dernière pour s’améliorer.
Louis-Philippe Sutton et Caroline Jamet.