De plus en plus d’entreprises utilisent l’intelligence artificielle pour optimiser leurs processus. Pour mieux comprendre son utilisation en ressources humaines au Canada, Capterra a interrogé des employés de petites et moyennes entreprises. Voici un portrait et des recommandations pour les PME.
Plus de deux tiers des employés ne sont pas à l’aise à l’idée de laisser l’IA s’occuper des licenciements
Certains employés ont des préoccupations éthiques quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur les ressources humaines, surtout quand cela concerne les mises à pied ou les licenciements. Quand nous leur avons demandé ce qu’ils éprouveraient si l’IA était utilisée pour déterminer qui licencier, 26% des individus interrogés ont répondu qu’ils se sentiraient extrêmement mal à l’aise et 34% se sentiraient plutôt mal à l’aise. Dans l’ensemble, 60 % des répondants vivant au Québec sont quelque peu mal à l’aise avec cette idée.
Parmi ceux qui sont mal à l’aise avec l’utilisation de l’intelligence artificielle sur leur lieu de travail, la majorité pense qu’il n’est pas éthique de licencier quelqu’un par l’intermédiaire de l’intelligence artificielle. D’autres pensent que les humains sont plus aptes à prendre ce type de décision et n’ont pas confiance dans la capacité de l’IA à juger des performances d’un employé avec précision.
Cela dit, tous les employés ne se sentiraient pas mal à l’aise face à cette technologie. D’après notre enquête, deux personnes sur cinq (40%) accepteraient dans une certaine mesure que leur service des ressources humaines emploie l’IA pour prendre des décisions en matière de licenciements. Au moment d’en expliquer la raison, la plupart des répondants du Québec (36%) ont répondu que l’IA peut éviter de prendre des décisions fondées sur des préjudices ou des différends.
Certains employés ne voient pas d’inconvénient à ce que l’IA prenne des décisions de licenciements:
- 33% pensent que l’IA est impartiale
- 29% pensent que l’IA repose sur des données de performances réelles pour prendre des décisions
- 24% pensent que les décisions prises par l’IA sont plus précises
Malgré tout ce qui a été dit sur l’utilisation de l’IA pour prendre des décisions de licenciement, son utilisation dans ce contexte est rare. 13% des employés interrogés au Québec indiquent que leur entreprise utilise l’IA pour des licenciements, contre 8% des employés nationaux.
Les décisions prises par l’IA peuvent avoir un impact sur les habitudes de travail des employés
L’utilisation de l’IA dans le domaine des RH peut causer un stress excessif pour les employés qui s’inquiètent de la sécurité de leur emploi. Près des deux tiers des salariés québécois (58%) ont déclaré que le niveau de stress au travail pourrait croître si leur entreprise prenait des décisions de licenciement à l’aide de l’intelligence artificielle.
Cela dit, la plupart des salariés qui changeraient leurs habitudes de travail (42%) déclarent qu’ils voudraient acquérir de nouvelles compétences si l’IA était chargée des licenciements. Cela pourrait aider les employés et les PME à bénéficier de la montée en compétence (de l’expression anglaise upskilling), une tendance dans les RH pour 2023.
La formation: la meilleure utilisation de l’IA
Les différentes utilisations de l’IA pour les RH n’inspirent pas toutes le même niveau de confiance. Par exemple, la majorité des personnes interrogées (66%) se sentent à l’aise avec l’utilisation de l’IA pour la formation au bureau. La moitié d’entre elles (55%) seraient très ou assez à l’aise avec l’utilisation de l’IA pour surveiller la performance des employés au quotidien.
Près de la moitié des employés interrogés (48%) ne voient pas d’inconvénient à ce que l’IA soit intégrée aux tâches de recrutement, comme la recherche ou la présélection de candidats.
Si l’incertitude plane encore sur certains emplois de l’intelligence artificielle par le service des ressources humaines, la transparence et les commentaires des employés sont toujours d’une importance indéniable. Comme pour toutes les technologies fraîchement arrivées, il faut s’attendre à une courbe d’apprentissage.
À retenir pour les services des RH qui adoptent l’intelligence artificielle
- Définissez les utilisations de l’IA à l’interne (reconnaissance des employés, embauches, formation, etc.) et convenez également les domaines où l’IA n’aura pas sa place.
- Évaluez les logiciels de RH basés sur l’IA non seulement selon leurs fonctionnalités, mais aussi sur la qualité de leurs processus de prise de décision, ce qui pourrait apaiser les inquiétudes des employés.
- Formez l’ensemble des employés à ces cas d’utilisation et obtenez leur consentement pour les maintenir informés.
- Communiquez de façon transparente quand vous décidez d’appliquer l’IA à de nouveaux processus ou quand vous l’abandonnez; intégrez ces informations dans une base de données interne pour qu’elles soient à disposition de tous et toujours actualisées.
Méthodologie de l’enquête:
Pour collecter les données utilisées dans ce rapport, nous avons mené une enquête en ligne en mai et en juin 2023. Pour ce faire, nous avons sélectionné un échantillon de 1 002 individus (dont 285 résident au Québec). L’échantillon de participants est représentatif de la population canadienne en termes de genre. Les critères de sélection sont les suivants:
- Doit avoir entre 18 et 65 ans
- Doit occuper un poste de niveau junior, intermédiaire, responsable ou de directeur à temps partiel ou à temps plein
- Doit travailler dans une petite et moyenne entreprise (PME) comptant 2 à 250 employés
- Doit avoir travaillé dans la même entreprise–– pendant au moins un an