Le bec soutient la santé, le bien-être et le développement des gens de toute l’industrie des médias, du marketing, du digital et des communications. Dans nos chroniques, découvrez des conseils utiles et porteurs de sens pour notre cause. Un petit clin d’œil mieux-être quoi!
Le stress lié à la performance et au rendement en milieu de travail est une réalité omniprésente dans notre industrie qui apporte souvent son lot de défis. Nous sommes constamment poussés à donner le meilleur de nous-mêmes, à nous démarquer, sans toujours prendre en compte nos limites émotionnelles et physiques individuelles. Cette pression exerce une grave influence sur le bien-être des travailleur·euses. Ainsi, intégrer des pratiques de gestion saines, bienveillantes et équilibrées au sein de nos équipes devient indispensable. Mais comment rompre le cercle vicieux du stress et favoriser une performance saine et durable tout en cultivant notre créativité?
Le bec* s’est questionné sur le sujet et s’est tourné vers Julie Tremblay-Potvin, Co-fondatrice et présidente de la boîte-conseil De Saison - Art de vivre et de travailler, spécialisée dans le design de solutions de communication et de mobilisation pour l'évolution de la culture du travail vers la saine performance et la santé durable. Elle tient également le Magazine De Saison - Art de vivre et de travailler, une plateforme pour insuffler sens, équilibre et satisfaction à nos vies personnelles et professionnelles.
* Notre site web est en construction, nous vous dévoilerons bientôt son tout nouveau look, restez à l’affût!
Pouvez-vous nous partager et mettre en lumière des pistes de solutions, des statistiques pour contrer l’épuisement professionnel?
Parmi les dernières avancées en la matière, il y a le dernier livre de Sonia Lupien: «Le stress au travail vs le stress du travail» qui vient appuyer scientifiquement toute une série d’intuitions que nous pouvons avoir et d’analyses qualitatives que nous pouvons faire de ce qui se passe dans le monde du travail et la société, actuellement.
L’affirmation la plus éloquente de cet ouvrage est à mon avis que l’épuisement professionnel est causé en grande partie par notre façon de vivre et de travailler en mode d’affairement, c’est à dire avec une attention continuellement fragmentée: multitâche, interruptions, distractions, courriels, appels, rencontres et notifications en continu. C’est ce qui, selon elle (et de nombreuses recherches conduites par son équipe et par d’autres) exerce un stress continu sur notre cerveau. Ce stress peut facilement devenir chronique puisque notre vie personnelle aussi se déroule en mode affairement. Ce stress chronique peut éventuellement causer des blessures de stress et amener les mécanismes du cerveau à se dérégler. Clairement, il peut y avoir des signes chez la personne, mais aussi dans son environnement et nous n’avons pas à attendre d’être rendus à l’épuisement pour nous arrêter. Cela doit amener les organisations à passer en mode prévention et à mettre en œuvre cette prévention au sein même de leur organisation du travail, en tenant compte que le stress des employés et gestionnaires continue lorsqu’ils sont hors du bureau avec la vie personnelle et familiale.
Par ailleurs, selon Telus Santé, en octobre dernier, 76% des Canadiens en emploi présentaient un risque modéré à élever de développer des enjeux de santé mentale. Ceci explique donc cela quand on sait que les risques psychosociaux au travail comme la surcharge, le manque d’autonomie décisionnelle et le manque de soutien jouent un rôle important sur la santé des gens. Le rôle de la culture du travail dans la santé des populations est crucial. Ça nous amène à des idées de solutions comme les journées de congé pour santé mentale (repos cognitif). On est rendus là comme société parce qu’il faut savoir que le mode d’affairement nuit, selon la chercheuse, à la création de valeur de la part des employés et à la réelle innovation qui peut amener les organisations plus loin. Pour générer de la valeur, nous avons besoin de récupérer et nous avons besoin de nous offrir des temps de création longs et continus.
Note du bec: Saviez-vous que c’est au Québec que le nabs-bec reçoit le plus de demandes d’aides? Le ¾ des appels dans tout le Canada proviennent d’ici.
Pouvez-vous nous donner un exemple d’attention fragmentée en milieu de travail et les étapes pour parvenir à enrayer cette mauvaise habitude?
L’attention fragmentée, c’est ce sentiment d’avoir un million d’onglets ouverts dans notre tête et de passer de l’un à l’autre sans arrêt. Ce qui cause aussi le sentiment d’attention fragmentée, ce sont les distractions que notre travail nous impose et que nous nous imposons aussi parfois nous-mêmes. Notre cerveau qui fait deux choses en même temps: attention fragmentée. Un exemple: Je suis dans une réunion virtuelle, j’écoute, mais je reçois un courriel qui me rappelle que je dois inscrire mon enfant au camp de jour, j’ouvre la page web du camp, j’explore les options, je commence l’inscription, mais j’ai besoin d’un numéro d’assurance maladie alors j’arrête. Ma collègue m’écrit en même temps, je dois retracer un document. J’ouvre le document et je réalise que je n’avais pas tout à fait terminé. J’écoute la rencontre en terminant le document. Et ça continue comme ça chaque jour, chaque semaine de notre vie.
Notre cerveau n’est pas équipé pour ça, même si on pense que oui, qu’on est capable, qu’on est bon et qu’on peut entraîner notre cerveau à faire plus, mais celui-ci travaille déjà à pleine capacité. On fait chauffer le moteur. Et un moteur qui surchauffe, ça saute. Sans enrayer l’attention fragmentée, on peut la mitiger par des moments de repos cognitif, des moments de travail en profondeur et une meilleure gestion de notre temps. Dans tous les cas, nous devons limiter les distractions, mais comme la culture du travail nous amène à être connectés en continu et à répondre rapidement à toutes nos communications, plusieurs ne se donnent tout simplement pas cette permission. C’est pourquoi l’enjeu est davantage au niveau de la culture du travail et des équipes en combinaison avec les habitudes individuelles.
Quelles sont les techniques efficaces pour travailler mieux sans s’essouffler toutes les semaines?
Je trouve ça tellement important qu’on parle de prévention, de leadership personnel, d’autonomie.
Pour moi, c’est ça la flexibilité. Permettre à une diversité de besoins d’exister à des moments différents chez différentes personnes. Certes, les besoins du travail sont là, mais chacun doit pouvoir prendre des décisions en lien avec la gestion de son stress et de sa santé mentale au moment opportun. Il doit y avoir de l’espace pour ça et cet espace nous le nommons le Temps blanc. Nous avons identifié 8 types de temps blancs qui correspondent à 8 besoins que l’on peut avoir au travail et/ou personnellement. Ces temps blancs ne sont pratiquement jamais planifiés dans l’agenda, mais ils sont essentiels. On part donc chaque semaine avec un agenda qui déborde, parce qu’on a rempli notre calendrier de tâches et de rencontres, mais on n’a pas pensé à insérer ces différents temps blancs. Ils sont la clé pour un rythme plus réaliste, pour prendre soin de notre santé mentale et de notre outil principal : notre cerveau, ainsi que pour assurer une saine performance au travail.
Petit conseil du bec: Prévoir une «to do list» la veille avec nos 3 priorités à réaliser le lendemain, ça aide à nous structurer!

Dans tes mots, quelle est ta définition du bien-être?
Pour moi, bien-être rime avec sérénité. Quand je sens que je vis en cohérence avec mes valeurs et ce qui est important pour moi, je suis bien. La sérénité, c’est aussi avoir confiance. Autant en ma propre capacité de trouver des solutions, qu’en ceux qui m’entourent. Savoir que mon environnement est sain et que ceux qui m’entourent seront là pour moi et moi pour eux est gage de bien-être. Bien-être est aussi synonyme de liberté et d’autonomie. Avoir l’espace, le temps et l’autonomie de pouvoir faire quelque chose qui me fait du bien et me nourrit, avoir la latitude de répondre à mes besoins, de choisir la façon dont je m’y prendrai. Écouter et suivre mes élans tant personnels que professionnels est synonyme de satisfaction profonde et donc de bien-être pour moi. Enfin, exister avec d’autres, partager quelque chose comme un but, des valeurs ou une vision. Équilibrer le soi et le nous pour moi est synonyme de bien-être ultime!
Pour en savoir davantage sur la boîte-conseil De Saison - Art de vivre et de travailler et sur le travail que fait Julie Tremblay-Potvin, rendez-vous sur les plateformes: https://boutique.desaison.ca/ et https://desaison.ca
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