L’incroyable Fannie Perron, co-fondatrice de Plan Humain qui se donne la mission d’accompagner les organisations sur le grand chemin de l’impact tout en veillant à ce que leur engagement social entraine des retombées positives à 360°, poursuit avec le bec la conversation à propos de la responsabilité sociale des entreprises (RSE)… Parce que parler de comment changer le monde, ça prend plus qu’une chronique!
Quels sont les impacts d’un bon programme de RSE auprès de ses parties prenantes?
Fannie: Les impacts positifs sont multiples. Soyons toutefois honnêtes – une entreprise va s’engager plus concrètement dans la RSE si elle y voit des avantages financiers. Elle doit y trouve son compte, que ce soit en faisant une marge de profit plus élevée en modifiant des façons de faire ou en acquérant un nouveau segment de marché grâce à des produits et/ou une méthodologie plus responsable. Ce sont généralement ces types de raisons qui créer le changement.
L’impact sur les client·es et consommateur·trices est aussi au rendez-vous en se sentant plus interpellé·es d’acheter ou de consommer un produit venant d’une entreprise engagée. Ça a un double effet pour l’entreprise: ce sera profitable et ça contribue à faire changer les habitudes de consommation et la prise de conscience du pouvoir des consommateur·trices au niveau de l’impact global.
Quand des entreprises prennent du leadership RSE, les parties prenantes sont souvent inspirées et veulent aussi changer les choses. La chaîne d’impact continue de s’élargir grâce à l’exemple. Bref, être leader RSE donne aussi à d’autres entreprises le goût d’agir.
Qu’est-ce que les employé·es peuvent-ils·elles retirer du programme RSE de leur entreprise?
Fannie: Un programme de RSE bien ficelé permet de créer auprès des équipes une expérience professionnelle et humaine plus profonde. On parle beaucoup en ce moment du concept du quiet quitting où les employé·es se désengagent. Quand une personne sent qu’elle travaille dans un milieu qui veut changer les choses, son désir de participer à la mission augmente.
Au-delà de ses conditions de travail, les volets sociaux d’une entreprise s’adressent directement au mieux-être des employé·es. Les actions RSE viennent bonifier leur expérience. Devenir Bcorp ou une coopérative d’actionnaires, par exemple, sont aussi de nouveaux mouvements RSE qui engagent encore plus les équipes.
L’impact peut être grand – que ce soit pour faciliter l’acquisition et la rétention des talents ou du côté de l’augmentation de l’engagement, la RSE a définitivement son rôle à jouer.
Quels sont les impacts d’un bon programme de RSE auprès des OBNL?
Fannie: Quand on pense à l’engagement philanthropique d’une entreprise, on peut se poser la question: «est-ce vraiment le rôle des entreprises d’aider les OBNL et les enjeux sociaux?» Dans le contexte social actuel, avec le désengagement du Gouvernement et le manque de ressources financières, je pense que l’entreprise a un rôle à jouer au niveau social.
Si on se ramène à l’histoire, le concept de RSE remonte en 1889 avec l’ouvrage de Andrew Carnagie, un homme d’affaires et philanthrope. C’est lui qui a mis les premiers mots sur le principe dans Gospel of Wealth où l’idée est que si ton entreprise fait de l’argent, tu as le devoir de redonner pour aider à balancer les iniquités sociales.
Bien que supporter les problèmes sociaux ne soit pas le rôle premier d’une entreprise, elle a quand même une responsabilité d’utiliser sa position financière et humaine pour aider la société, notamment en redonnant.
Quelles sont les clés pour une collaboration réussie entre un OBNL et une entreprise?
Fannie: La clé du succès dans une collaboration entre un OBNL et une entreprise est vraiment la compréhension profonde des deux parties. Celles-ci doivent se connaître et se comprendre mutuellement. J’ai tellement vu de partenariats avec plein de potentiel échouer en raison d’un manque d’écoute et d’ouverture de part et d’autre.
Mais se comprendre, ça veut dire quoi?
Pour l’OBNL, c’est savoir pourquoi l’entreprise veut s’impliquer auprès de son organisation, quel impact elle veut avoir auprès de ses bénéficiaires et jusqu’où veut-elle s’impliquer dans le processus. En connaissant ces éléments, l’OBNL sera en mesure de proposer un partenariat efficace et ciblé sur les besoins des deux parties.
Pour l’entreprise, c’est d’être informé de la réalité de l’organisation, de ses limites financières et humaines ainsi que de connaître voire comprendre qui sont les bénéficiaires. Idéalement, l’entreprise devrait visiter l’organisation et participer à ses activités pour mieux saisir sa réalité et rencontrer ses bénéficiaires. Sinon, pour l’entreprise et ses employé·es, le partenariat reste un concept seulement. Pour aller plus loin et enrichir les deux parties, des rencontres humaines doivent se faire. L’humain demeure la base de tout dans le contexte de ces partenariats.
Si ces éléments sont mis de l’avant, non seulement les effets collatéraux du partenariat seront multipliés, mais la possibilité d’une relation à long terme peut s’installer. Rien de pire que de toujours recommencer de nouveaux partenariats! Des relations superficielles entre l’organisation et l’entreprise créer aussi un impact superficiel. Prenez plus de temps pour choisir vos partenaires et une fois choisie, investissez-y du temps et des ressources.
Comment une entreprise peut avoir un impact dans la communauté au-delà de donner un chèque?
Fannie: C’est certain que les organismes ont besoin d’argent pour fonctionner et que l’engagement financier reste une des façons les plus concrètes de donner aux ONBL.
Toutefois, le bénévolat d’affaires est aussi devenu une avenue intéressante pour soutenir les organismes, que ce soit en support de main-d’œuvre ou en matière d’expertise (financière, légale, communicationnelle), ces possibilités sont intéressantes pour apporter plus d’engagement auprès du partenaire.
Il faut toutefois faire attention et s’assurer du bon besoin. Par exemple, si les employé·es d’une entreprise veulent vraiment faire du jardinage pour l’OBNL, mais que celui-ci a d’autres priorités, l’entreprise doit s’adapter à l’OBNL et non le contraire. J’ai vu beaucoup d’organismes se créer des tâches qui leur étaient complètement inutiles pour faire plaisir à une entreprise. Personne n’est gagnant dans une situation comme celle-là.
Pour en savoir plus sur Plan Humain et Fannie Perron, rendez-vous au planhumain.com.
Pour consulter la chronique «Responsabiliser les sociétés à la société», c’est par ici.
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