Depuis les dernières mises à jour des modèles de langage GPT-3 et ChatGPT en décembre 2022, l’outil, mis à la disposition du public, est devenu viral tant ses capacités de rédaction dans plusieurs langues impressionnent. On en discute avec le principal intéressé, ChatGPT (oui, oui !) et Olivier Blais, cofondateur de Moov AI.
ChatGPT, c’est quoi ?
Tout bonnement, on a demandé «c’est quoi ChatGPT3», ce à quoi l’outil a répondu « je ne suis pas familiarisé avec un outil ou une application appelée ChatGPT3. Pourriez-vous me fournir plus de détails sur cet outil […] ». Ah, faut être plus précis dans nos «prompts» han. On a reformulé la consigne, ou plutôt on lui a dicté de nous écrire une introduction de l’outil. On apprend qu’il s’agit d’un chatbot qui utilise le langage GPT-3 développé par l’entreprise américaine Open AI. GPT-3 (Generative Pre-Training Transformer) est un modèle de traitement du langage qui a été entraîné sur un grand nombre de données textuelles et peut être utilisé pour de nombreuses tâches de traitement du langage, telles que la traduction, la génération de texte — il peut rédiger un poème, une dissertation universitaire, générer du code informatique ! — et le dialogue. ChatGPT3 utilise le modèle GPT-3 pour répondre aux questions et aux requêtes des utilisateur·rices de manière naturelle et relativement fluide. À en faire rougir les humains ? C’est à s’y méprendre. En utilisant le deep learning et la compréhension du langage humain de GPT-3, ChatGPT3 peut fournir des réponses précises et contextuelles à des questions sur divers sujets, et peut même s’adapter en fonction des informations qu’on lui fournit.
Prometteur, mais avec des limites
Mint Mobile, marque connue pour son marketing expérimental qui fait sourire, est l’une des premières à avoir eu recours à ChatGPT pour créer sa nouvelle publicité, mettant en vedette Ryan Reynolds, co-propriétaire du brand. La pub a été déployée début janvier sur les comptes Twitter, Snapchat, Facebook et Instagram de la marque. Comme l’acteur de Deadpool l’explique dans le spot, il a demandé au programme d’écrire une publicité pour Mint Mobile avec sa voix, en utilisant un gros mot, devant contenir une blague, et faire un rappel que la promotion des Fêtes était toujours en cours. Le résultat ? Reynolds a noté que c’était « légèrement terrifiant ».
Même s’il est l’un des générateurs de texte AI des plus prometteurs, ChatGPT n’est pas exempt d’erreurs et de limites. En effet, ses connaissances sont statiques, puisqu’il n’accède pas aux nouvelles informations en temps réel — sa base de connaissance ayant été arrêtée en 2021. Somme toute, son interface permet aux usagers de donner leur avis sur les performances du modèle en indiquant les réponses idéales et en signalant les réponses nuisibles, fausses ou inutiles. Open AI a bien l’intention de résoudre les pépins existants en incorporant les commentaires dans le système. Son CEO, Sam Altman, a d’ailleurs tweeté que « l’outil sera meilleur avec le temps, en utilisant le feedback pour l’améliorer ».
Tout (ou presque) est à l’automatisation. La rédaction aussi ? D’après Olivier Blais, cofondateur chez MOOV AI, une boîte de consultation spécialisée en intelligence artificielle, l’outil ne pourra pas être utilisé en automatisation. Du moins, pas pour le moment. En revanche, l’expert estime qu’il sera fortement utilisé par des entreprises qui carburent au contenu à la Buzzfeed, où la vélocité est plus importante que la qualité. Selon lui, on sera témoin d’un essor de sites qui généreront des articles à très grand volume, mais de moindre qualité. « Tu ne peux pas automatiser ChatGPT et je suis certain que tu ne pourras pas non plus avec la prochaine version, plus performante, qui suivra. Pourquoi ? Parce qu’être capable de présenter des faits et écrire des phrases c’est différent. » Selon Olivier, l’outil est bon à 60 % du temps. L’une de ses forces, c’est qu’il est très fluide, écrit bien, a de bonnes tournures de phrases. « Mais souvent, ce n’est pas fondé et ce n’est pas de la vraie information. En ce moment, si on ne fait pas attention, on peut partager et créer des fakes news », met-il en garde, puisque le bot régurgite ce qu’il a appris sur la toile.
ChatGPT, assistant hors pair
Pour rigoler, on a demandé à l’outil si un jour les journalistes et les rédacteur·ices seront remplacé·es par ChatGPT3. Sa réponse ? « Il est peu probable que ChatGPT3 ou tout autre outil de traitement du langage automatisé puisse remplacer complètement les journalistes et les rédacteurs. [NDLR : Fiou !] Bien que ces outils puissent être utilisés pour produire du contenu de manière efficace et rapide, ils ne permettent pas la créativité, l’analyse critique et la compréhension approfondie des sujets que fournissent les journalistes et les rédacteurs humains. En outre, ils ne peuvent pas capturer l’essence de l’expérience humaine de la même manière qu’un être humain. Cependant, il est possible que l’utilisation de ces outils puisse augmenter dans certaines tâches de rédaction routinières, telles que la rédaction de comptes rendus ou de résumés, mais il est peu probable qu’ils remplacent complètement les professionnels de l’écriture et de journalisme. » Certes, ChatGPT est bluffant, mais ne pourra jamais entièrement remplacer la touche humaine. S’il nous impressionne par ses capacités, cet outil est le reflet de ses données d’entraînement et n’a pas la même originalité et pensée critique que les humains.
Comment peut-on utiliser le bot à notre avantage ? Comme un assistant hors pair ! C’est ChatGPT qui le dit, on peut s’en servir dans certaines tâches de rédaction routinières. Comme ? Il s’avère être un allié pour récolter de l’information rapidement sur un sujet, aider à la production de contenu, clarifier des concepts plus alambiqués entre autres, et sans pour autant remplacer les métiers liés à l’écriture. Il suffit de bien maîtriser les « prompts » qu’on donnera à l’assistant virtuel. Olivier croit que lorsque bien utilisé, ChatGPT peut fournir une bonne base, accélérer et bonifier l’écriture, et donner un coup de pouce à ceux et celles en proie au syndrome de la page blanche. Mais pour cela, il faut savoir comment se servir de l’outil, en soumettant une consigne suffisamment précise et détaillée pour obtenir le résultat souhaité. D’après le spécialiste en AI, de nouveaux skills et de nouvelles disciplines verront le jour, comme celui de « prompt engineer ». On retrouve même déjà des marchés de « prompts » en ligne où les utilisateur·ices peuvent acheter et vendre des instructions soigneusement élaborées pour les IA génératives comme DALL-E, ChatGPT ou Midjourney.
Le·la rédac sera peut-être mort·e, vive le « prompt engineer » ?
Olivier Blais, cofondateur de Moov AI