La fébrilité du public est palpable: avec les mesures sanitaires qui se relâchent et les festivals qui annoncent leur programmation, l’été 2022 semble s’enligner sur un retour à la normale pour les événements. Après deux ans d’incertitude et d’expérimentation avec de nouvelles technologies et façons de faire, on se demande tous à quoi s’attendre du retour au présentiel, et les tendances qui vont marquer ce retour. Micah Desforges, président et fondateur de Tribu Expérientiel, nous aide à démêler le tout.
Le mode hybride, là pour rester?
Le mode hybride, avec un mélange de présentiel et de virtuel, est devenu le nouveau standard en temps de pandémie. Par contre, avec le retour des événements totalement présentiels, peut-on s’attendre à une disparition lente, mais certaine, des événements hybrides? Micah croit que le mode hybride est là pour de bon: «Ce serait fou de dire le contraire. Probablement que les plateformes vont s’améliorer et nos vies seront de plus en plus numériques, mais les gens veulent quand même un contact humain. Le virtuel c’est bien pour amorcer la conversation, mais c’est quand tu croises les gens dans la vraie vie que les idées convergent.» Bref, le virtuel, ça peut fonctionner pour le réseautage et les rencontres initiales, mais pour développer des relations solides, c’est plutôt en personne que ça se passe.
L’explosion de la technologie
Ce n’est pas parce que le virtuel ne sera plus notre seul mode de communication que la technologie sera absente. En raison du bond technologique, et de son taux d’adoption record, que la société a vécu durant la pandémie, Micah croit que le monde numérique sera de plus en plus présent dans l’événementiel, et ce à différents niveaux. Avec le métavers qui se dessine de plus en plus clairement à l’horizon, les réalités augmentées et virtuelles seront portées à s’intégrer de plus en plus dans les événements. La popularité des portefeuilles numériques, avec les cryptomonnaies et les jetons non fongibles, pourrait également influencer l’événementiel. Il donne l’exemple du festival Jackalope, que Tribu organise chaque année: «On offre une bourse de 30 000 $ aux athlètes en skateboard, et cette année, on offre la possibilité de recevoir cette bourse en argent comptant ou en cryptomonnaie, ou un mélange des deux. On va être un des premiers événements dans ce milieu-là à pouvoir dire qu’on paye des athlètes en crypto.»
Présence à l’année
Les méthodes de promotion et de marketing de l’événementiel vont tout probablement devoir s’adapter à cette nouvelle réalité numérique, entre autres en maintenant une présence en ligne à l’année. Micah explique qu’auparavant, les réseaux sociaux d’un événement n’étaient mis à profit que lors d’une période précise pour des raisons promotionnelles. Le contenu était développé en amont de l’événement pour stimuler l’achat de billets, durant l’événement, et tout de suite après pour clôturer le tout. Dans le futur, la création de contenu à l’année va devenir la norme plutôt que l’exception: «Auparavant, on misait sur l’expérience en espérant que les gens créent du contenu avec leurs téléphones intelligents pour devenir une extension de l’événement physique dans le monde numérique. Ça va devenir la responsabilité des organisations comme la nôtre de structurer l’expérience numérique: avoir une empreinte numérique fait en sorte que l’événement agit comme un amplificateur de tes communications. L’avenir des événements se trouve dans la création d’histoires et l’engagement à l’année.»
Faire plus avec moins
L’événementiel ne sera pas épargné par l’inflation monstre qui déferle sur l’économie mondiale en ce moment, ni par les problèmes de chaîne d’approvisionnement qui bousculent les capacités de production de nombreux fournisseurs. Puisque les budgets de production, le prix des matériaux et les coûts de déplacement seront affectés, entraînant une hausse du prix des billets, on risque de voir une diminution dans l’industrie, autant au niveau du nombre d’événements que de l’ampleur de ceux-ci. Le mot d’ordre selon Micah: investir dans la qualité plutôt que la quantité. «Certaines personnes faisaient le tour des festivals de musique par exemple, c’était une tradition d’en faire plusieurs, mais maintenant tout va coûter plus cher. Le divertissement en personne va devenir un luxe. Faire plus avec moins, pour moi, ça veut dire que les consommateurs vont assister à moins d’événements et vont éventuellement chercher une plus grande qualité.»
Étant donné les circonstances des dernières années, il était inévitable que l’industrie de l’événementiel subisse de gros changements. Malgré la force de la technologie dans nos vies, surtout depuis deux ans, il ne faut toutefois pas désespérer, car le présentiel est plus important que jamais, et définitivement là pour rester. Comme le dit si bien Micah: «Les gens sont affamés de divertissement, assoiffés d’émotions.»
Photo: tribu.co