L’affichage sauvage fait partie de notre décor montréalais depuis longtemps. Découvrez l’entreprise derrière l’installation de ces nombreuses murales que vous voyez au quotidien. Entrevue avec Isabelle Jalbert, vice-présidente et directrice générale de Publicité Sauvage.
Comment est né Publicité Sauvage ?
« Tout a commencé avec Beaudoin Wart qui a décidé de fonder son entreprise d’affichage à Montréal dans les années 80. Il désirait donner le plus de visibilité aux organismes culturels à moindre coût. À l’époque, ce type d’affichage était illégal à Montréal. En 1992, Publicité Sauvage présente un projet de législation de l’affichage sur les chantiers de construction et obtient gain de cause en 1994. Une modification au règlement permettra d’offrir l’affichage sauvage en toute légalité. Dans les années 2000, de plus en plus d’agences de publicité nous approchaient pour de l’affichage commercial. Elles voulaient aller chercher le côté “sauvage”. Nous avons développé cette offre dans le respect de la mission première qui est axée sur la culture. »
Quels sont les défis de l’affichage sauvage ?
« Notre défi premier est d’avoir le contrôle total de l’inventaire. Nous avons fait des ententes avec certains propriétaires de chantiers afin de pouvoir construire nos propres palissades. Ces propriétés nous permettent d’afficher avec plus de contrôle, mais bien souvent, les palissades ne nous appartiennent pas. Chaque semaine, il y a des chantiers qui se terminent et d’autres qui débutent. Nous sommes 7 jours sur 7 dans les rues avec notre flotte de camions afin de faire le suivi. Il arrive que nous ayons à relocaliser rapidement certaines campagnes. Pour ce faire, nous avons un système efficace qui permet d’y arriver sans perdre une journée d’affichage. »
Comment déterminer l’emplacement parfait ?
« En général, nos clients connaissent bien la ville et savent où ils désirent afficher leur campagne. Saint-Laurent et Sainte-Catherine sont des endroits très populaires bien entendu. Le Plateau, le Mile-End et le Quartier Latin ont également la cote. Il faut déterminer sa cible et disperser l’affichage un peu partout dans la ville pour créer un phénomène de répétition, à moins d’une campagne qui touche une cible bien précise qui se trouverait dans un quartier particulier. »
Comment se déroule une installation ?
« Nous offrons plusieurs types de formats d’affichage. Pour le format “affiche papier”, on commence par laver les palissades. Ceci évite les accumulations de papiers qui forment des croûtes peu esthétiques. Si nous avons une affiche de 6 pi, donc qui couvre toute la hauteur de la palissade, on balaie de la colle, on pose l’affiche, puis on remet de la colle. Si nous avons une plus petite affiche et qu’on risque de voir la palissade, on pose une feuille blanche, puis on colle l’affiche pour conserver le côté esthétique. Nos artistes agencent le mur afin de créer un tout esthétique dans la mesure du possible. Si un client a de petites affiches pâles et un autre client des affiches un peu plus foncées, ils vont faire des blocs pâles et foncés qui donnent un beau coup d’oeil. Les campagnes peuvent durer un minimum d’une semaine et aller jusqu’à 2 à 3 mois. Si certaines copies se défraîchissent durant la campagne, on s’assure d’installer de nouvelles copies. »
Quels sont les avantages de l’affichage sauvage ?
« Le principal avantage est la proximité. Nous sommes près des passants, des vélos, des gens actifs. La répétition a également un effet positif et aide à la mémorisation de la campagne. Nous pouvons également faire de l’affichage dans un commerce. Le fait de voir une même image plusieurs fois dans la même journée, à l’intérieur et à l’extérieur, est bien plus marquant. Le look de cet affichage est aussi particulier à Montréal. Il existe depuis 30 ans et les gens y sont habitués. C’est un calendrier en plein air où l’on peut découvrir la dernière nouveauté. »
Quelles sont vos campagnes les plus marquantes des dernières années ?
« Du côté des campagnes créatives, nous avons fait une affiche sur une palissade pour Folio avec des livres brochés pour emporter. Pour la sortie du disque Light the Sky de Radio Radio, nous avons produit un titre lumineux. Nous avons installé une tente sur une affiche de 50 pi de hauteur pour la SEPAQ. À Toronto, nous avons développé des palissades avec des boîtes pour emporter dans le cadre de la campagne “déménagement” de IKEA. Finalement, la** Fédération des Médecins Omnipraticiens du Québec** a très bien su utiliser le format Monopole (50 pi de long) avec sa campagne. Le visuel présentait une ligne de personnes qui attendaient sur toute la longueur de l’affiche. »
Publicité Sauvage est passé maître dans l’affichage de rue. Passionnée de cet art, l’entreprise compte bien continuer à « habiller » la ville pour les années à venir !
Cet article a été publié dans le Grenier magazine (Vol. 2 - Numéro 38 - 19 juin 2017).