Aucun publicitaire ne peut demeurer insensible aux coups fumants de marketing du leader mondial de la boisson énergétique Red Bull. Quelle agence peut se targuer d’avoir un client qui possède deux écuries de Formule 1, six clubs de football, une équipe de hockey sur glace, une équipe de moto-cross, des partenariats avec 500 athlètes et qui réalise quelques 600 manifestations sportives? En dépit des critiques nutritionnelles et pour la santé des consommateurs, la majorité des agences fantasment secrètement sur l’idée de compter ce prestigieux partenaire dans son portefeuille de clients.
Malheureusement, une initiative d’une équipe de promotion inexpérimentée ou une directive malhabile de la direction de Red Bull vient porter ombrage aux stratégies soigneusement ficelées de cette multinationale.
Virus1334, une agence spécialisée dans le marché jeunesse, décide d’en faire l’objet d’un billet, se doutant bien qu’elle devra faire une croix sur l’idée de collaborer un jour avec l’une des multinationales les plus adulées des jeunes.
Le numéro un des boissons énergisantes à la une
Dimanche soir, en sirotant un verre de bon vin rouge, je feuillette l’édition de ma version papier du Journal de Montréal. Eh oui, un journal papier, ça existe encore! Je suis abasourdi en consultant la une du journal: une entreprise d’exception en marketing à l’échelle mondiale s’aventure en amateur dans une stratégie de séduction des jeunes Québécois dans une cour d’école.
Quelle déception de lire qu’un véhicule de Red Bull s'était garé dans le stationnement de la polyvalente Chanoine-Armand-Racicot de St-Jean-sur-Richelieu, pour distribuer gratuitement et sans autorisation ses boissons caféinées aux élèves! Heureusement, Il a été expulsé des lieux par les employés de l’école en quelques minutes.
Ma gorgée de vin ayant passée de travers, je me suis demandé comment, en 2014, des entreprises pouvaient consciemment ou inconsciemment s’aventurer dans ce terrain de jeu où de nombreuses entreprises ont été pointées du doigt.
Je n’ai pas besoin de rappeler les cas très médiatisés des dernières années, où des clients ou des agences de publicité qui n’avaient pas fait tous leurs devoirs se sont fait sermonner sur la place publique affectant sérieusement leur image.
Nous pouvons toujours excuser les agences et les clients dont le siège social est établi dans une autre province, car la réglementation sur la publicité chez les moins de 13 ans est une loi propre à notre belle province et pratiquement unique à travers le monde. Le public québécois devenant de moins en moins exigeant ou sensible aux campagnes produites ici, semble-t-il (sic), a motivé les entreprises à centraliser leurs activités à travers des agences nationales, américaines et parfois même étrangères!
Certains diront que certaines polyvalentes sont constituées de jeunes 13 ans et plus essentiellement, vous avez raison, mais il n’en demeure pas moins que les écoles primaires et secondaires ne sont pas un endroit pour faire de la publicité ou de l’événementiel pour un produit de consommation. C’est un lieu d’enseignement, d’apprentissage et un lieu pour développer l’esprit critique des jeunes.
Le seul bémol que j’apporterais est la promotion de campagnes de sensibilisation et de promotion de saines habitudes de vie qui sont essentielles dans nos écoles, car on dispose de peu de moyen pour en faire la promotion à l’extérieur des murs de l’école à travers les canaux publicitaires payants. Elles ne sont pas assez nombreuses et elles devraient d’ailleurs prendre exemple sur les réflexes marketing de ces spécialistes.
J’ai eu l’occasion d’en faire la démonstration lors de conférences, de consultations, de rencontres avec des responsables de la promotion de programmes de sensibilisation, vous n’avez pas besoin de millions pour faire une campagne qui se démarquera auprès de votre cible. Travaillez vos campagnes de concert avec une agence qui gère des marques au quotidien! Et n’oubliez jamais que vous parlez à des jeunes; pas à des chercheurs, des scientifiques, des académiciens ou spécialistes. Vous parlez à ces brillants étudiants bombardés de messages publicitaires tous les jours.
Dans le cas de Red Bull, il serait bien étonnant que le fabricant ne soit pas au parfum des législations québécoises recrutant ses «Student Brand Manager» et son «Wings team» directement au Québec (sans malheureusement franciser ces noms). Je présume que l’initiative des derniers jours est le fruit d’une initiative d’une équipe peu expérimentée dont les qualités d’animation l’emportent certainement sur le jugement. Note: En parcourant les différentes annonces d’emplois sur le web au Québec, Red Bull recrute des agents promotionnels pour les campus universitaires, aucun sur les écoles secondaires.
Les commentaires des nutritionnistes, des professionnels de la santé et du personnel école de l’établissement sont unanimes: l’activité promotionnelle de Red Bull est malhabile.
Les langues sales diront que je suis jaloux de ne pouvoir immortaliser en photos mes animateurs promotionnels derrière le volant d’une sublime Mini Cooper surmontée d’une bouteille de Red Bull géante. La vérité est que je ne suis pas totalement contre le Red Bull. Virus1334 a dénoncé à travers une campagne percutante les méfaits d’une consommation abusive de boisson énergisante. Au même titre que le verre de vin que je sirote en composant ces lignes, je demeure convaincu que la modération est ce qui devrait primer. Je déplore davantage le manque de rigueur qui a mené à la distribution gratuite de ces boissons sucrées et caféinées aux jeunes élèves contournant les règles claires qui sévissent au Québec.
Pour conclure, ce qui m’attriste le plus dans cette situation, à moins que mon système de veille ne fasse défaut au moment d’écrire ces lignes, après plusieurs heures suivant la sortie du Journal de Montréal, aucune excuse des responsables de Red Bull ou ses représentants. Ils donneront certainement raison aux organismes de santé et aux dénigreurs de l’entreprise qui les accusent de faire consciemment de la publicité aux jeunes.
Le message aux clients et aux agences qui s’aventurent dans les cours d’écoles: donnez-moi un coup de fil, s’il-vous-plaît. Je vous identifierai gratuitement de meilleurs endroits pour rejoindre les adolescents de 13 ans et plus et d’autres environnements très stimulants autres que les écoles. S.V.P. ne venez pas miner par l’improvisation malhabile les efforts d’agences comme la mienne qui s’acharnent à démontrer l’efficacité des campagnes terrain et d’expériences engageantes sur les ventes de nos clients.
Posologie
RED BULL, CAFÉINE ET JEUNES…
Canette de 250 ml de Red Bull
52,5 mg de caféine
Dose maximale recommandée chez les jeunes
10-12 ans: 85 mg/jour
13-18 ans: 2,5 mg par kilo de poids / jour
Effets possibles au-delà:
Tremblements
Palpitations
Difficultés à se concentrer
Source: Université de Montréal, département nutrition
Devenir wings girl aux Etats-Unis
http://www.redbullusa.com/cs/Satellite/en_US/Re...wtr-content
Devenir «Student Brand Manager» Red Bull au Québec
STUDENT BRAND MANAGER
Le programme de Student Brand Manager est une opportunité de faire connaître le monde de Red Bull sur le campus. C'est un emploi à temps partiel: une partie est consacrée au travail et l'autre est une partie de plaisir!
Nous sommes présentement à la recherche d'un Student Brand Manager pour les campus suivants: École de Technologie Superieure (ETS), Université du Québec à Montréal (UQAM), Université de Montréal .
Pour plus d'information sur le programme ou pour soumettre votre candidature, veuillez envoyer votre C.V. à [email protected]
Devenir «Wings Girl» Redbull au Québec
WINGS TEAM
Nous sommes toujours à la recherche de bonnes personnes qui ont une énergie incroyable, qui sont passionnées et charmantes. Vous avez sans doute déjà croisé notre équipe de Wings qui se promène à travers la ville dans une Mini Cooper Red Bull. Elle donne des aiiiles aux gens qu'elle croise. Les journées ne se ressemblent jamais! Vos missions sont menées par VOUS et la créativité de votre équipe!
Pour plus d'information ou pour soumettre votre candidature, veuillez envoyer votre C.V. à [email protected]. N'oubliez pas d'indiquer votre nom et ville de résidence dans le titre de votre courriel.
Red Bull ne fait pas que de mauvaises choses. Allez voir ceci prochainement:
RED BULL FLYING BACH
TYPE D'ÉVÉNEMENT - Danse, Concert classique, Danse contemporaine
DIFFUSEUR / PRODUCTEUR - Red Bull Canada
SALLE - Théâtre Maisonneuve, Montréal
Du 23 AU 26 octobre 2014
Véritable choc des cultures, Red Bull Flying Bach combine le style explosif d’une troupe de breakdance innovatrice, les Flying Steps, à la musique classique de Johann Sébastien Bach. Il en résulte un spectacle hors du commun qui fait tomber les barrières et fusionne les courants artistiques. Après une tournée de spectacles acclamés par le public en Europe, en Australie, en Asie et ailleurs dans le monde, le Red Bull Flying Bach arrive enfin au Canada avec quatre spectacles présentés à Montréal!
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Note de l'auteur
L’article sur Red Bull a généré son lot de réactions très positives. Toutefois, une lectrice a voulu rectifier la situation avec une nouvelle information. Cette dernière nous a fait part de ceci: «L’équipe promotionnelle de Red Bull donnait une formation au centre professionnel situé à côté de l’école en question et elle se serait garée dans le mauvais stationnement», n’ayant semble-t-il donné aucune canette aux enfants.
L’auteur du billet, Patrice Lagarde, propriétaire de l’agence Virus1334 tient à préciser qu’il n’est pas journaliste; il valide, lorsque c'est possible, les différentes sources disponibles. Dans ce cas, il estime que le Journal de Montréal a fait état d’une situation et a dû y appliquer sa propre rigueur journalistique. Les billets de Virus1334 ne cherchent pas à faire de la désinformation, un travail journalistique ou des attaques ciblées vers des entreprises ou des agences. Par ailleurs, ses écrits ne représentent pas nécessairement les opinions du Grenier aux nouvelles qui publie ses billets. Sans attaquer ce fabricant directement qui, selon Virus1334, est un modèle en termes de rigueur de positionnement marketing grâce à ses campagnes éclatées. Le billet s’appuyait plutôt sur un article pour asseoir une problématique de fond plus importante.