Marketing et Communication

L’évolution des relations publiques: hier et aujourd’hui

par Jean-Claude Torchia 10 avril 2025

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Lorsque nous avons fondé l’entreprise il y a 25 ans, le monde des relations publiques était bien différent. Notre profession était souvent assimilée uniquement aux relations médias : partager des informations avec les journalistes, obtenir une couverture dans les journaux, à la radio ou aux bulletins de nouvelles du soir. Les cycles d’actualités étaient bien définis : le bulletin de 18 h, le récapitulatif de 23 h et quelques pages éditoriales. En tant que professionnels des relations publiques, nous bâtissions des relations avec les journalistes et les rédacteurs, et, dans les bons comme dans les mauvais moments, nous avions le temps d’élaborer un message.

Lorsqu’un client faisait face à une crise, nous pouvions nous réunir avec lui—tout se faisait en personne à l’époque, bien sûr—discuter de la situation et souvent dire : « Réfléchissons-y cette nuit. La nuit porte conseils. » Ce luxe n’existe plus. Aujourd’hui, si vous ne vous préparez pas à une crise en amont et ne réagissez pas immédiatement lorsqu’elle survient, vous êtes dépassé. Le récit sera façonné par d’autres. La transparence n’est plus négociable—car si vous ne racontez pas votre histoire, quelqu’un d’autre le fera à votre place.

Les relations publiques n’ont jamais été aussi essentielles qu’aujourd’hui. Dans un monde en perpétuel mouvement, où tout se joue en temps réel, la communication avec les parties prenantes est primordiale. Tout le monde a une opinion, tout le monde est un pseudo-journaliste et n’importe qui peut dire n’importe quoi sur une personne, une entreprise ou une organisation, à toute heure du jour et de la nuit.

Cette réalité soulève des questions cruciales : lorsque vous lisez quelque chose sur les réseaux sociaux, comment savoir si c’est vrai ? Comment savoir si c’est exact ? Comme l’a si bien dit Ronald Reagan : « Faites confiance, mais vérifiez. » Ce principe existait bien avant l’ère numérique, mais il n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui. Dans un monde de plus en plus polarisé, les algorithmes façonnent l’information que nous recevons, renforçant nos croyances et filtrant les points de vue opposés. Si nous ne faisons pas l’effort de vérifier les faits en dehors de nos bulles numériques soigneusement conçues, nous risquons de déformer notre perception de la réalité — parfois de manière irréparable.

Dans cet environnement, le rôle des relations publiques s’est élargi bien au-delà des relations avec les médias et est désormais reconnu à juste titre comme une fonction de gestion, indépendante de tout département, mais essentielle à l’ensemble de l’organisation. Les entreprises et les individus doivent communiquer continuellement — non seulement lorsque tout va bien, mais aussi en période de crise. Mais au-delà de ce qu’une entreprise dit, la question de qui porte le message est plus cruciale que jamais. Ce que les autres disent de vous pèse bien plus que ce que vous dites de vous-même. La voix des clients, des employés et des influenceurs façonne la réputation bien au-delà de tout discours corporatif.

Par ailleurs, le comportement des consommateurs a profondément évolué. Aujourd’hui, les gens n’achètent pas seulement des produits ou des services, ils adhèrent aux valeurs d’une entreprise. Plus que jamais, les décisions d’achat sont influencées par ce qu’une entreprise représente, par son éthique et par son impact social. La confiance et l’authenticité sont les piliers de la fidélité à une marque. Si une organisation ne respecte pas ses valeurs déclarées, le public la dénoncera — immédiatement et bruyamment.

Notre profession est noble—sans doute plus que jamais. Dans un monde où le scepticisme et la méfiance sont omniprésents, où la désinformation se propage à grande vitesse et où la vérité est souvent remise en question, les relations publiques jouent un rôle crucial. Notre devoir est d’aider les organisations à communiquer avec sincérité, de bâtir la confiance à travers des communications authentiques et de veiller à ce que les faits ne soient pas noyés dans un océan de spéculations. Notre rôle ne se limite pas à aider les clients à formuler leurs messages, mais aussi à les encourager à communiquer avec intégrité. Et si nécessaire, nous devons être en mesure de défier les journalistes lorsque leur propre intégrité est discutable. Le journalisme est un pilier de la démocratie et de la reddition de comptes, mais comme toute profession, il n’est pas à l’abri des biais ou des agendas. En tant que professionnels des relations publiques, nous devons nous imposer les standards les plus élevés en matière d’honnêteté, tout en veillant à ce que les médias respectent également les leurs. Si nous ne le faisons pas, nous devenons une partie du problème plutôt que de la solution.

Aucune entreprise, aucun leader, aucune institution n’est parfaite(e). Les entreprises sont dirigées par des humains, et les humains sont imparfaits par nature. Mais ceux qui font preuve de transparence—ceux qui s’engagent auprès de leurs parties prenantes avec honnêteté et constance—réussiront à long terme. Les organisations qui communiquent fréquemment, ouvertement et avec authenticité seront celles qui gagneront la confiance. Et la confiance, c’est tout.

C’est là que réside l’avenir des relations publiques.

Lorsque nous avons lancé cette entreprise il y a 25 ans, nous croyions en la puissance des communications authentiques pour créer des relations, façonner les réputations et renforcer les organisations. Cette conviction n’a pas changé. Aujourd’hui, je tiens à saluer tous les communicateurs et à encourager chacun d’entre nous à poursuivre sans relâche notre mission : fournir les faits au lecteur, au téléspectateur et à l’auditeur, afin qu’ils puissent, à leur tour, prendre une décision éclairée. Car, au final, c’est là notre plus grande responsabilité.

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