Vous visitez la boutique Urban Outfitters pour acheter un gadget ridicule pour votre party de Noël de bureau et vous êtes consterné par la facture salée qui attend le jeune devant vous à la caisse pour des vêtements qu’on vous paierait et que vous refuseriez de porter? Vous allez à la chasse et vous croisez au plein milieu des bois un jeune moustachu vêtu d’une chemise de chasse avec d’épaisse lunettes sans force? Vous vous amusez en regardant un jeune dans la vingtaine fumant la pipe de votre grand-père? Vous avez sûrement affaire à un «hipster»!
Hipster
Au goût du jour, le terme «hipster» remonte tout de même aux années 1930 et 1940! À l’époque, il désignait les jeunes blancs qui s’habillaient et écoutaient du jazz comme les noirs. Les «hipsters» sont facilement reconnaissables par leur manière de s’habiller qui jure de façon décalée. Ils arborent des couleurs et des motifs très originaux, souvent qualifiées de «kitch»!
Les chatons, les fleurs, les rayures, les jeans «slim» colorés et les chemises cintrées font partie intégrante du look de la nouvelle génération de hipster qui séduisent les jeunes filles en arborant un look androgyne. Les heures au gym sont compensées par des loisirs variés intégrant la culture underground et un intérêt pour la politique progressive.
Ils influencent la mode! Un phénomène intéressant et un peu paradoxal, car ils fuient tout ce qui est culture de masse… un casse-tête pour les clients et les publicitaires conventionnels!
Ne vous méprenez pas, il est dispendieux d’arborer un look aux allures négligées. Cette nouvelle tendance fait le bonheur des friperies de luxe, des salons urbains branchés et des boutiques populaires auprès des jeunes. Les communicateurs en entreprise s’arrêtent parfois aux premières impressions et ne se doutent souvent pas que derrière cette génération échevelée et souvent barbue de 18 à 34 ans principalement se cache de jeunes gens très cultivés, diplômés, très créatifs qui pourraient influencer fortement leurs ventes et propager des modes.
Les hipsters rejettent les conventions de la masse et cherchent à se reconnecter à des symboles oubliés du passé ou un retour à des valeurs plus traditionnelles. Le jour où leurs pratiques et leurs intérêts deviennent grand public, ils repartent à la recherche de curiosités ou souvenirs du passé uniques et distinctives propres à leur groupe.
La saison de la chasse
À titre d’exemple, prenons le cas de la saison de la chasse en Alberta. Selon la province, plus de jeunes se lancent dans le sport. L'année dernière, il y avait près de 10 pour cent d'augmentation du nombre de jeunes chasseurs qui ont fait la demande pour un permis parmi les 26 à 35 ans et une légère hausse parmi les 18 à 25 ans.
Les témoignages des jeunes albertains témoignent d’une culture hipster. Certains avaient cessé de manger de la viande pour des considérations éthiques. La chasse s’imposerait comme la façon éthique et avertie de savourer son steak.
En effet, les jeunes veulent savoir la provenance de leur viande et s’assurer que le bétail se nourrit d’herbe en pleine liberté. Les jeunes interrogés s’identifiaient à la culture hippie prônant les activités permettant de se reconnecter et de prendre leur temps pour mieux profiter de la vie. Les plus intenses comptaient même utiliser l’intégralité de la carcasse. Ils caressaient des projets de concevoir des sacs avec la peau de l’animal.
Les dénigreurs du mouvement hipster clament haut et fort que ces derniers s’approprient des symboles du passé ou des pratiques ancestrales pour l’image cool qu’elles projettent sans nécessairement s’y consacrer sérieusement.
À l’image de ces détracteurs, certains chasseurs et bouchers spécialisés dans les produits de la chasse semblent cautionner ces propos. Ils affirment que cet afflux de chasseurs novices ne maîtrise pas les pratiques appropriées, n’étiquettent pas correctement les animaux et chassent les mauvaises espèces animales et font fit des règles élémentaires de sécurité, de sûreté et de sécurité.
Mets ça dans ta pipe!
Un article du Devoir la semaine dernière faisait état du regain de la popularité du tabac à fumer dans la pipe auprès des jeunes. Un autre phénomène hipster? Les cigares n’ont pas la cote chez les hipsters, encourageant trop le snobisme parfumé d’une odeur d’establishment et d'avidité corporatiste. Les hipsters voient dans la pipe une occasion de prendre leur temps et de fumer un produit de meilleure qualité et souvent moins cher que les marques de cigarettes commerciales. Certains vont même jusqu’à entailler un bloc de bois et façonner leur propre pipe.
Vous devez remercier les hipsters!
Imaginez un épisode d’Occupation Double regroupant des jeunes maigrelets de 18-34 ans barbus en train d’échanger sur la politique progressiste entre deux inhalation de pipe à tabac sur un air de vinyle d’un DJ obscur dans un salon aux fournitures vintage, entre deux bibliothèques de grands classiques de la littérature.
On se moque des hipsters alors que l’on devrait les remercier parce qu’ils sont à la base de plusieurs tendances que l’on écarte aujourd’hui d’un revers de main, mais qui filtreront tôt ou tard dans la culture de masse, et que vous vous approprierez lorsque Clin d’œil le présentera comme un incontournable de la prochaine année. Avez-vous ne serait-ce qu’une vague idée de la manière dont est né tout ce qui vous amuse et vous passionne aujourd’hui?
La vie d’un vrai hipster… pas ceux qui arborent le look seulement…n’est pas une sinécure! Imaginez le nombre de concerts indie affreux, de sets de DJ indigents, de lectures ennuyeuses et d’expositions artistiques douteuses qu’ils ont dû ingérer et subir presque chaque soir afin d’en identifier des tendances et en faire profiter les amateurs de culture de masse de toute une planète en vous évitant d’avoir à le faire!
Merci hipsters de maintenir bien vivante une culture diversifiée et riche à travers vos découvertes, on peut vous pardonner l’odeur de votre pipe à tabac.
P.S. Désolé à nos lecteurs hipsters pour certaines références un peu clichées à vos yeux de ce billet pour faciliter la compréhension du mouvement aux non-initiés. Vos points d’intérêts et pratiques changent heureusement à vitesse grand V et il est difficile de circonscrire des exemples précis et toujours actuels pour représenter une culture en constante mouvance.