C’est en scrolant tout bonnement sur Instagram que le bec est tombé sur la page d’ÉquiLibre, un organisme québécois dédié à la promotion d’une image corporelle positive, et ça a piqué notre curiosité.
Désirant en connaître plus sur leurs messages positifs à l’égard d’une relation saine avec la nourriture, d’égalité et d’estime de soi, nous sommes allé·es à la rencontre d'Andrée-Ann Dufour Bouchard, une nutritionniste de formation et détentrice d’une maîtrise en nutrition lui ayant permis d’approfondir le lien entre les comportements alimentaires et le stress.
Depuis 2009, elle œuvre au sein d’ÉquiLibre où elle se démarque par sa compréhension approfondie de la problématique, développant et mettant sur pied des programmes d’intervention et des campagnes de sensibilisation, ciblant autant les femmes, les hommes que les adolescent·es et les parents d’enfants d’âge préscolaire.
Selon toi, d’où viennent les tabous associés au poids d’une personne et pourquoi prennent-ils une si grande place dans la sphère publique? (Ex. : Adèle, Jonah Hill, Katherine Levac, etc.)
Andrée-Ann: On vit dans une société où la minceur est valorisée et coexiste avec la culture des régimes, ce qui entretient la croyance qu’il est possible de contrôler son poids si l’on a suffisamment de volonté. Pourtant, la science démontre que plusieurs facteurs influencent le poids d’une personne dont plusieurs sont hors de son contrôle, la génétique par exemple. Quand on est exposé·es, dans l’environnement socioculturel, à un modèle unique de minceur et de beauté, quand on voit des personnalités connues qui ont perdu beaucoup de poids, ça contribue à entretenir cette idée qu’il est possible et même préférable d’être mince. Pour contrôler leur poids, les gens peuvent alors se tourner vers des moyens drastiques et malsains, et surtout inefficaces à long terme, qui affecteront négativement leur santé physique et mentale. On banalise trop souvent les impacts de l’insatisfaction corporelle et de la quête du corps «parfait».
Pour une marque, comment la valorisation de la diversité corporelle pourrait bonifier sa place dans le marché d’aujourd’hui?
Andrée-Ann: La valorisation de la diversité corporelle est un enjeu de société important et les marques ont la responsabilité sociale de s’impliquer pour faire en sorte que tout le monde, peu importe sa silhouette, puisse se reconnaître et se sentir respecté. De plus en plus de gens, et beaucoup de la nouvelle génération vont encourager les marques qui font la promotion de la diversité corporelle et au contraire, boycotter celles qui ne le font pas. C’est aussi toute une part de marché à aller chercher puisque les personnes qui ne sont pas interpellées par la marque en ce moment sont susceptibles de s’y intéresser si elle offre un produit respectueux et inclusif.
En tant que diffuseurs de contenus – fiction, publicité, magazine – quels sont les principaux faux pas à éviter par rapport au poids?
Andrée-Ann: Il faut être soucieux de diversifier son casting. Les personnes minces sont souvent surreprésentées et les personnes grosses sont sous-représentées. Il faut rétablir un équilibre et présenter une diversité de silhouettes, comme on retrouve naturellement dans la population. Il faut aussi faire attention de ne pas entretenir certains stéréotypes liés au poids. Par exemple, la personne grosse dans la distribution de la comique ou de l’amie, ou la personne mince dans le rôle du succès et de la séduction. C’est aussi une responsabilité des diffuseurs de ne pas baser leur marketing sur la perte de poids plutôt que sur le réel bien-être des gens.
VRAI OU FAUX
Passer un commentaire sur la perte de poids de quelqu’un est quelque chose de positif puisqu’il s’agit d’un compliment.
Andrée-Ann: Faux. Même si l’intention est positive, complimenter une personne sur sa perte de poids entretient la valorisation de la minceur. Au-delà du compliment, la personne peut entendre que son corps «d’avant» était inadéquat ou croire qu’elle aura moins de valeur si elle reprend le poids perdu.
Les stigmas liés au poids proviennent majoritairement des images massivement diffusées dans les médias.
Andrée-Ann: Faux. Cette question est très complexe et les préjugés proviennent de plusieurs sphères. Oui, les images stigmatisantes véhiculées dans les médias y contribuent, mais elles ne sont pas les seules. Pour réduire les préjugés à l’égard du poids, il faut des actions dans toutes les sphères de la société, autant dans les médias, que dans le monde du travail, dans le milieu scolaire, dans le domaine médical, dans la population, etc. Et cette réduction des préjugés passe d’abord par une prise de conscience et par une meilleure compréhension des nombreux facteurs qui influencent le poids.
Favoriser la diversité corporelle c’est faire la promotion d’individus avec une santé fragile.
Andrée-Ann: Faux. Quand on valorise la diversité corporelle et l’acceptation de soi, peu importe sa silhouette, on offre alors la possibilité à chaque personne de s’épanouir, de reconnaître sa valeur et de prendre soin de sa santé parce qu’elle sait qu’elle en vaut la peine, pour prendre soin de son corps, plutôt que par haine de son corps ou par obsession de rentrer dans le moule du corps «parfait». Ces attitudes sont beaucoup plus favorables à l’adoption et au maintien d’habitudes de vie favorables à la santé et au bien-être, peu importe le poids.
Pour en savoir plus sur l’expertise d'Andrée-Ann Dufour Bouchard et l’organisme Équilibre, visitez equilibre.ca
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photo: Julie Artacho