Six ans après son lancement, le prestigieux concours Idéa, piloté par l’Association des agences de communications créatives (A2C) en partenariat avec la Société des designers graphiques du Québec (SDGQ), revient en force. Le Grenier vous convie une fois de plus aux « Brin de jasette », où les président·es des jurys – Création publicitaire, Design, Craft/Production, Produits et expériences numériques, Résultats d’affaires et stratégie, ainsi que Média – lèvent le voile sur les coulisses des délibérations.
Sous la présidence d’Isabelle Allard-Gendron, directrice de création, design chez Sid Lee, les membres du jury de la discipline Design avait le mandat de sélectionner les projets design qui se sont distingués pour leur pertinence, leur finesse et la rigueur de leur exécution.
Composition du jury :
- Isabelle Allard-Gendron, directrice de création, design, Sid Lee (présidence)
- Marie Chénier, designer séniore, Caserne
- Louis-Pierre Chouinard, associé co-fondateur, Deux Huit Huit
- Daniel Ouellet, associé, designer stratégique, GRDN
- Pascale Alie-Crête, designer graphique, LG2
- Marie-Hélène Rodriguez, conseillère principale, Principal
- Edmund Lam, directeur de création, Reitmans Canada
- Vanda Daftari, directrice de création, Super Bonjour
- Simon Chénier-Gauvreau, vice-président création, Tux Creative House
- Capucine Labarthe, lead designer, Wedge
Grenier aux nouvelles : Qu’est-ce qui a le plus évolué dans votre discipline ces dernières années ?
Isabelle Allard-Gendron : Ce qui frappe, c’est à quel point le design s’est élargi — autant dans ses formes que dans ses intentions. On ne parle plus uniquement de logos ou d’images bien conçus, mais de systèmes, de récits, d’expériences. On voit émerger des projets de design stratégique, de design en mouvement, des approches plus conceptuelles qui côtoient des réalisations très classiques. Il y a aussi des identités de marque à grande échelle, porteuses de sens et de vision. Le design se déploie aujourd’hui comme un langage multiple, capable de répondre à des enjeux très variés, tout en conservant cette rigueur et cette sensibilité propres à la discipline. Cette richesse rend le processus d’évaluation encore plus stimulant — et exigeant.
GAN : Y a-t-il une approche ou une tendance qui s’est démarquée cette année ?
IAG : L’humour. Plusieurs projets empreints de légèreté et d’esprit ont charmé le jury. C’est rafraîchissant de voir des designers oser cette approche dans une discipline souvent associée à la rigueur. Dans le contexte mondial actuel, cette dose d’humour, bien dosée et bien pensée, fait du bien.
GAN : Quel a été le plus grand défi de votre rôle de présidente de jury ?
IAG : Le plus grand défi a été de composer un jury réellement diversifié, qui reflète la richesse du design au Québec, mais aussi des perspectives plus larges, à l’échelle internationale. Je tenais à ce que chaque membre apporte une vision unique, avec des sensibilités et des critères de réussite différents. Cela a donné lieu à des discussions parfois intenses, parce que le design, par nature, suscite des émotions, des débats, des prises de position. Trouver un consensus dans cette pluralité n’a pas été simple. Mais c’est précisément cette diversité de points de vue qui a enrichi le processus. Les projets que nous avons récompensés sont ceux qui ont su toucher chaque membre du jury, chacun·e à sa façon. Des projets portés par une intention forte, réalisés avec précision, et avec un impact indéniable.
GAN : Quel est le conseil ultime que vous donneriez aux futur·es soumissionnaires ?
IAG : Simplicité, intention, clarté. Pas besoin d’en faire trop. Restez fidèles à l’intention derrière le projet, et misez sur ce qui le rend unique.
GAN : Enfin, auriez-vous une petite anecdote ou un fun fact des délibérations à partager ?
IAG : Ah oui ! Comme je ne pouvais pas vraiment intervenir pendant les discussions, je me suis mise à prendre des notes… mais pas sur les projets. J’ai noté toutes les phrases cultes du jury. Il y en avait des savoureuses : drôles, profondes, parfois complètement inattendues. J’ai un petit recueil de citations dorénavant — mais bon, ça va rester entre nous.
GAN : Finalement, une autre pour la route, surtout dans le contexte actuel. Comment décririez-vous le talent québécois/canadien ? Comment notre créativité se démarque ?
IAG : On cultive un équilibre rare: une forte identité culturelle alliée à une ouverture sur le monde. Il y a ici une liberté créative assumée, à mélanger les disciplines, les langues et les influences.