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Idéa 2025: Brin de jasette avec Nicolas Baldovini

par Grenier aux nouvelles 17 avril 2025

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Six ans après son lancement, le prestigieux concours Idéa, piloté par l’Association des agences de communications créatives (A2C) en partenariat avec la Société des designers graphiques du Québec (SDGQ), revient en force. Le Grenier vous convie une fois de plus aux « Brin de jasette », où les président·es des jurys – Création publicitaire, Design, Craft/Production, Produits et expériences numériques, Résultats d’affaires et stratégie, ainsi que Média – lèvent le voile sur les coulisses des délibérations.

Nicolas Baldovini

Sous la présidence de Nicolas Baldovini, associé et chef de la création du bureau de Montréal chez LG2, le jury de la discipline Produits et expériences numériques a mis à l'honneur les projets numériques qui, dans la dernière année, se sont distingués pour leur pertinence, leur intelligence, leur cohérence et l’ingéniosité des expertises déployées.

Composition du jury :

  • Nicolas Baldovini, associé et chef de la création du bureau de Montréal de LG2 (présidence)
  • Gary Ravaz, directeur marketing et stratégie numérique, Caisse de dépôt et placement du Québec
  • Gaïda Demotte, directrice produits et opérations numériques, Cossette
  • Henry Daubrez, Global VP Creative Innovation & Design / Head of Design, DEPT® / DOGSTUDIO/DEPT®
  • Frédéric Lord, directeur de création, LEEROY
  • Deven Caron, lead front-end, Locomotive
  • Pascale Turpin, directrice marketing, Novatize
  • Pascale Lacroix-Vézina, première chef, stratège, Radio-Canada
  • Jean-Nicolas Duval, directeur artistique sénior, Rethink
  • Gabrielle Cyr, gestionnaire, stratégie numérique et expérience, Tennis Canada

Produits et expériences numériques

Grenier aux nouvelles : Qu’est-ce qui a le plus évolué dans votre discipline ces dernières années ?

Nicolas Baldovini : Je côtoie le monde du numérique depuis plus de quinze ans. Personne ne peut nier que l’évolution, parfois on peut même dire révolution, de ce domaine se passe à une vitesse plus que fulgurante. Non seulement les nouvelles technologies se multiplient, mais on doit aussi être en mesure de les implanter rapidement. C’est aussi ça être au fait de l’actualité dans le monde de la création. Aujourd’hui, on est moins dans les sites web et les applications qui vivent seuls. Ils sont maintenant dans un écosystème plus grand.

Le différenciateur, c’est le contenu. Il est primordial de le considérer comme partie prenante de toute expérience numérique. On peut réellement dire que l’automatisation des contenus et sa personnalisation créent une vraie richesse au niveau des marques, que ce contenu soit visuel, textuel ou animé. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de projets qui mêlent IA, storytelling et nouvelles technologies. Ça donne du contenu sous stéroïdes, comme je me plais à le dire, mais c’est une façon de catalyser les marques. C’est un game changer dans un univers de possibilités qui sont désormais infinies.

Pour se différencier, les marques ont besoin de créer du contenu mobilisant et rassembleur. On est loin de l’époque où on regardait simplement une interface ou on s’attardait à la fluidité de la navigation, par exemple. On regarde le propos, le contenu. Les consommateur·rices consultent avec attention et plongent dans ce qu’une marque a à offrir.

GAN : Y a-t-il une approche ou une tendance qui s’est démarquée cette année ?

NB : Du côté du jury, j’ai trouvé que les membres ont documenté leurs choix de manière judicieuse et détaillée. Ils et elles ont passé plusieurs heures à analyser, regarder les différents éléments qui constituent un produit ou une expérience numérique. On a même plongé dans l’analyse du code, très geek et fascinant à la fois ! C’est une approche ambitieuse, structurée et stricte. La délibération n’a pas été facile puisque les éléments à juger sont plus profonds et les angles plus nombreux que l’on peut croire.

La tendance est toujours aux sites vitrines et de contenu. Ils ont encore la cote, malgré l’importance du e-commerce et des applications. Je m’attendais à voir plus de cas transactionnels et applicatifs au regard de leur croissance constante et de leur nécessité dans l’expérience client. Aussi, on réalise que beaucoup de marques d’ici investissent dans leur B2B en ligne.

GAN : Quel a été le plus grand défi de votre rôle de présidente de jury ?

NB : La composition du jury ! Les personnes que j’ai invitées autour de la table m’ont compliqué la vie et je dis ça avec un grand sourire. Se challenger, c’est très positif. Au départ, je m’étais imposé d’avoir une représentation assez fidèle de tous les métiers de l’industrie du numérique. Puis, ma réflexion m’a poussé à ajouter des critères supplémentaires à ma réflexion : avoir des profils un peu en dehors de notre marché, de notre expertise ou qui ont quitté le monde des agences pour rejoindre le côté client. Un beau melting pot ! En m’entourant des gens de ce calibre, c’est certain que les discussions sont plus exigeantes au regard des standards élevés. Cela nous a notamment poussé·es à remettre en question la balance entre le beau et le bon. Je peux dire que les résultats ont ainsi pris une importance surprenante.

Cette diversité d’expert·es m’a d’ailleurs poussé à établir des lignes directrices claires avant d’amorcer la délibération afin que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Le but n’est pas de trouver le projet parfait, mais de célébrer celles et ceux qui repoussent les limites, qui font avancer nos standards et qui incarnent le meilleur de notre industrie.

GAN : Quel est le conseil ultime que vous donneriez aux futur·es soumissionnaires ?

NB : Je voudrais l’écrire en majuscules tellement ce conseil est ultime : clarifiez les résultats. On a beau juger les idées et le craft, si on ne voit pas l’impact, on reste trop en surface. À projets égaux, on va pencher sur ceux qui ont généré plus de résultats. Notre travail est de générer de la valeur tant pour les client·es que pour les consommateur·rices. L’affluence et les ventes demeurent des indicateurs de réussite qu’on ne peut remettre en question. Ce n’est pas du qualitatif, c’est du quantitatif.

La diversité des catégories nécessite aussi une bonne compréhension de celles-ci. Il faut s’assurer de bien comprendre les critères des catégories dans lesquelles les projets sont soumis. On peut se démarquer dans une catégorie plus qu’une autre, tout est une question de pertinence et d’approche.

GAN : Enfin, auriez-vous une petite anecdote ou un fun fact des délibérations à partager ?

NB : C’est plutôt une note à moi-même : ne plus jamais organiser une délibération le soir du premier but d’Ivan Demidov avec les Canadiens de Montréal. Je ne pense pas avoir besoin d’en dire plus sur l’attention et la tension de cette soirée !

GAN : Finalement, une autre pour la route, surtout dans le contexte actuel. Comment décririez-vous le talent québécois/canadien ? Comment notre créativité se démarque ?

NB : On a un talent unique en multimédia et créativité numérique dans cette province. Les membres du jury ont été impressionné·es par les soumissions dans la catégorie « Expériences terrain, mixtes ou virtuelles ». C’était rafraîchissant et rassurant de voir que les studios québécois, qui sont derrière de nombreuses productions d’ici et d’ailleurs, se dépassent en termes de créativité et de connexion avec les gens. Ces studios contribuent à la culture d’ici. Le constater à nouveau m’a rendu enthousiaste pour l’avenir de notre industrie.

Du côté du produit numérique, la qualité des soumissions et des projets reste et demeure impressionnante pour une province de 8 millions d’habitant·es quand on compare le tout à l’échelle mondiale. On reste une plaque tournante et une référence, je n’ai aucune gêne à le dire haut et fort.

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