Confier notre vie numérique aux géants des réseaux sociaux soulève de plus en plus de préoccupations. Imaginez un monde où les plateformes ne sont pas contrôlées par des actionnaires, mais par nous — utilisateur·rices, créateur·rices, citoyen·nes. C’est la vision audacieuse de La Nouvelle Place. Grâce à une gouvernance coopérative et locale, cette initiative vise à libérer nos contenus tout en donnant une voix à la société civile.
Un modèle économique sous pression
Au Québec, 80 % des dépenses publicitaires numériques sont accaparées par les géants du GAFAM, laissant les médias locaux et créateur·rices en marge. La Nouvelle Place, encore en phase de développement, propose de remettre les Québécois·es aux commandes de leur écosystème numérique. «Les médias ont investi massivement pour s’adapter aux réseaux sociaux, mais se retrouvent dépendants de règles qui changent à tout moment», souligne Steve Proulx, président de l’agence 37e Avenue et co-instigateur du projet.
Le déclic ? Le blocage des nouvelles par Meta au Canada. C’est dans cette tempête que La Nouvelle Place a germé: un regroupement de médias et professionnel·les du numérique pour offrir une alternative, un espace où les Québécois·es contrôlent leurs données et leurs contenus. «On veut que les gens sachent qu’il·elles peuvent façonner leur expérience numérique», insiste Steve, prônant une approche centrée sur les besoins réels des utilisateur·rices.
En photo: Steve Proulx
Inspiration vermontoise
La Nouvelle Place rêve d’un espace démocratique, libre de toute pression économique ou politique, où la voix des citoyen·nes prime sur celle des actionnaires. «Les membres de notre coopérative auront leur mot à dire sur des décisions importantes, comme les paramètres de l’algorithme de visibilité», précise Steve. Exit l’opacité! Bien que l’inscription à la plateforme soit gratuite, les créateur·rices souhaitant une utilisation plus professionnelle pourront devenir membres, et ainsi participer aux décisions stratégiques, y compris la composition du conseil d’administration.
Ce modèle n’est pas si loin de Front Porch Forum, un réseau social au Vermont, où les citoyen·nes échangent dans un cadre modéré et respectueux. «Avec 235 000 usager·ères et 97 % de satisfaction, c’est un modèle qui marche, et il n’y a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas ici», croit Steve.
Redonner vie à la culture locale
Les algorithmes actuels privilégient les contenus mondiaux, au détriment de notre culture locale. «La Nouvelle Place veut être un tremplin pour que les créateur·rices et médias d’ici prospèrent», affirme Steve. En intégrant les créateur·rices et médias d’ici, la plateforme promet de valoriser un écosystème local tout en préservant des échanges authentiques.
L’équipe de La Nouvelle Place espère que les organisations culturelles s’impliqueront dès le départ, afin d’amplifier la visibilité des créations québécoises et d’atteindre une souveraineté culturelle. «On veut que ce qui se crée ici soit non seulement accessible, mais aussi visible, au-delà des grandes plateformes. C’est un véritable projet de société, et on invite les organisations à nous rejoindre dès maintenant pour le concrétiser.»
Un espace public avant tout
La priorité de La Nouvelle Place ? Créer un espace public dédié aux citoyen·nes. « Notre but est de faciliter la vie des utilisateur·rices, sans saturer la plateforme avec des publicités », insiste Steve. L’objectif ? Trouver l’équilibre entre les intérêts commerciaux et les besoins des citoyen·nes pour éviter de reproduire le modèle des réseaux actuels, dominés par les flux publicitaires.
Avec La Nouvelle Place, les contenus locaux pourront enfin briller sans être noyés dans l’océan d’informations globales. Ce serait non seulement un garde-fou pour notre culture, mais aussi un stimulant pour des conversations enrichissantes entre les communautés. « Même si on ancre le projet au Québec, il est ouvert à toutes les communautés francophones.»
Un financement participatif en vue
Cet automne, La Nouvelle Place lancera une campagne de financement. «On a un plan d’affaires solide et on sait exactement combien cela va coûter», précise Steve. L’objectif est de mobiliser des organisations et de futur·es membres prêt·es à investir dans ce projet qui place la démocratie et la transparence au cœur de l’espace numérique.
Dans un contexte de «désenchantement généralisé» vis-à-vis des réseaux sociaux, La Nouvelle Place a le potentiel de redéfinir notre expérience numérique. Pour en savoir plus et suivre l’évolution du projet conçu « par et pour le public », rendez-vous sur la plateforme dédiée. L’utopie numérique n’est plus un rêve, elle est à portée de main !