Affaires de l'industrie

Technologiquement parlant, sommes-nous en retard ou en avance?

par Justine Aubry 27 septembre 2024

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Dans la province ou à l’échelle du pays, quel est notre rapport aux différents outils technologiques et à leur avancée ? Traînons-nous de la patte, ou sommes-nous plutôt à l’avant-garde en matière d’intelligence artificielle, de stratégies écoresponsables ou encore de référencement SEO ? Des spécialistes nous éclairent sur nos bons et moins bons coups.  

Bien qu’investir dans les outils technologiques est indéniablement bénéfique pour la productivité et la compétitivité d’une entreprise, toutes ne sont pas égales dans ce monde quant à la rapidité de leur adoption ou leur degré d’utilisation. « Juger de l’avancement d’un pays dans une discipline est toujours très difficile, car de nombreux indicateurs peuvent être utilisés pour définir si nous sommes “à jour” dans cette discipline », rappelle Simon Éthier, consultant exécutif et associé chez Adviso.

Simon Éthier

Intéressés par les innovations et les procédés intelligents qui voient régulièrement le jour, notre pays et notre province détiennent certes des forces, mais aussi quelques faiblesses dans le domaine du développement technologique, selon les expert·es sondé·es dans le cadre de cet article. « Ce qui est possible de dire c’est qu’en recherche, le Canada incluant le Québec, a de solides institutions scientifiques et académiques qui nous placent avantageusement », précise Simon Éthier.

L’utilisation incontournable de l’intelligence artificielle (IA)
Aussi redoutée qu’admirée, l’intelligence artificielle est dans tous les cas là pour rester. Le consultant exécutif chez Adviso explique cependant que cette technologie aussi performante qu’évolutive serait « beaucoup moins affirmée dans les plus grandes entreprises du Canada ou du Québec » qu’ailleurs, mais que des acteurs canadiens, comme par exemple Cohere, Shopify, OpenText ou encore Coveo, ont tout de même jugé pertinent d’investir plus amplement en IA.

Simon Éthier précise que certains facteurs tels que la taille ou encore l’économie d’un pays, ainsi que la présence de géants technologiques sur son territoire, viennent particulièrement influencer l’utilisation de l’IA. « C’est ce qui fait que les grandes économies mondiales, comme les États-Unis où la Chine, sont souvent en tête des palmarès à ce niveau », ajoute-t-il.

Selon Olivier Blais, cofondateur, directeur des technologies chez MOOV AI et président de la délégation canadienne ISO/IEC/JTC 1/SC 42 (Intelligence Artificielle), en matière d’IA, le Canada et le Québec sont plutôt en avance au niveau de la dimension académique : « On a développé plusieurs technologies, on a des écoles très fortes dans le domaine ». Il nuance cependant en ajoutant qu’en ce qui a trait à son utilisation, le pays de la feuille d’érable a encore des croûtes à manger. « On est pas mal en retard, laisse-t-il tomber. Les États-Unis et les pays de l’Asie ont beaucoup d’avance sur nous. »

Olivier Blais

Ce retard s’expliquerait notamment en raison des coûts élevés et des risques associés à son utilisation, croit le spécialiste de l’IA. « Et ce sont des défis particulièrement pour les PME. Au Québec, on a un taux élevé de plus petites entreprises. Elles ne sont pas habituées à ce qui entoure l’implantation de ces technologies avancées, donc elles partent avec un désavantage. Dans la province, on a aussi souvent de la difficulté avec la transformation d’entreprise en général », croit-il.

Olivier Blais précise cependant qu’au niveau du Gen AI (un outil de recherche et de prise de notes intelligent et analytique) le Québec semble toutefois tirer son épingle du jeu. « On va battre le reste du Canada. Par exemple, d’après une étude récente réalisée par KPMG, au Québec, on a environ 4 % de plus au niveau de l’utilisation de l’IA générative sur le lieu de travail. Donc, on voit que de plus en plus d’entreprises québécoises embarquent dans le mouvement. »

Selon des données publiées par Statistiques Canada, en 2024, environ 6,1 % des entreprises canadiennes utilisaient l’IA pour produire des biens et fournir des services. Au pays, l’adoption de l’IA est plus élevée au Québec, où 5 % des entreprises utilisent cette technologie. À l’échelle mondiale, il s’agit plutôt d’environ 50 % des organisations qui se tournent vers l’IA dans au moins une fonction de leur entreprise.

Le développement durable pour des stratégies en ligne plus vertes
Directrice marketing pour l’agence e-commerce Novatize, Pascale Turpin admet d’emblée qu’il n’est pas toujours évident pour les entreprises d’adopter des pratiques e-commerce durables, notamment parce que la vente en ligne englobe plusieurs volets à considérer tels que la livraison, l’emballage, la logistique ou encore les technologies utilisées. « Au Québec et au Canada, ce qui est encore plus difficile, c’est que beaucoup de consommateurs sont répartis dans des régions éloignées. Donc, chaque route prise pour la livraison va avoir une empreinte carbone élevée », explique-t-elle. Selon la spécialiste, nous sommes cependant « aussi bons que l’Europe et les États-Unis » quand il s’agit de e-commerce concentré dans les grands centres.

Pascale Turpin

Un nombre grandissant d’entreprises s’intéressent aux pratiques plus durables, comme l’utilisation de boîtes en carton recyclé ou réutilisables, mais ça n’est malheureusement pas encore la norme, se désole la directrice marketing.

En tant qu’entreprise certifiée B Corp, Novatize encourage ses clients à prendre des décisions d’affaires qui prennent en compte le développement durable. « On sent qu’il y a une conscience, on se fait poser beaucoup de questions sur les moyens à adopter. Les entreprises souhaitent aussi prendre cette avenue pour montrer à leur clientèle les valeurs environnementales qui les animent. Il y a une tendance importante notamment chez les commerces de détail. »

Selon le Rapport canadien du sondage « Consumer Insights » effectué en mars 2023, 64 % des consommateurs·rices canadiens·nes sont prêt·es à payer plus cher pour des produits à base de matériaux recyclés, durables ou écologiques. Iels seraient aussi 45 % à vouloir opter pour la méthode de livraison la plus écologique offerte afin d’encourager les pratiques durables pour le retour d’article.

Pascale Turpin ajoute qu’il peut aussi être difficile pour les plus petites entreprises de refuser de vendre leurs produits sur des plateformes internationales dites « polluantes », comme le géant Amazon, au profit de pratiques e-commerce plus responsables. « Ça peut être une grande vitrine pour ces entreprises locales, et rendre leurs produits accessibles partout dans le monde. Mais c’est certainement un dilemme : est-ce que je veux me retrouver dans le plus de maisons possible ? Ou bien adopter des canaux plus responsables ? »

SEO : investir pour une meilleure visibilité
En matière de stratégies SEO, le problème de développement à plus grande échelle au pays et dans la province réside dans les budgets dépensés, croit Giovanni Guillabert, directeur SEO chez Dialekta. « Les investissements en SEO au Québec et au Canada sont souvent inférieurs à ceux observés dans d’autres marchés plus matures. Ce manque d’investissement empêche la mise en œuvre de projets à grande échelle qui pourraient avoir un impact majeur sur la visibilité en ligne des entreprises d’ici et sur le rayonnement des métiers du SEO en général », explique-t-il.

Giovanni Guillabert

Ce dernier souligne qu’en Europe, par exemple, l’implantation du SEO est « depuis longtemps profondément enraciné dans les habitudes » et qu’un montant est spécifiquement réservé à cette stratégie numérique. « En revanche, au Canada, le SEO est souvent moins connu et valorisé, avec des budgets ponctuels et une approche davantage orientée vers la publicité numérique et traditionnelle », ajoute Giovanni Guillabert.

Le spécialiste du référencement croit tout de même que nous n’avons cependant rien à envier à d’autres nations en ce qui a trait aux compétences techniques acquises. « Que ce soit en termes de maîtrise des algorithmes de moteurs de recherche, d’optimisation de contenu, ou d’expertise technique, les talents locaux sont comparables à ceux que l’on trouve dans d’autres régions du monde », assure-t-il.

Par contre, il précise qu’en dominant l’univers du SEO, les entreprises américaines et leurs sites web « jouent dans une cour à part, préemptant la quasi-totalité du top 10 mondial des sites les plus visités chaque année ». Une position qui rappelle l’importance d’investir dans un référencement efficace.

Chose certaine, ceux qui ne sauteront pas rapidement dans le bain (ou la mer) technologique risquent de bientôt manger leurs bas. « La place de la technologie et des données n’ira pas en diminuant. À long terme, la capacité à s’adapter aux tendances déterminera les leaders », croit Simon Éthier.

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