En plus d’explorer l’expérience vécue par le personnel de l’industrie des communications, le sondage de Léger pour le compte du Grenier s’est intéressé à la perception du reste de la population face à l’industrie et l’inclusivité dont elle fait preuve. En particulier, l’étude s’est intéressée à la connaissance et l’usage de l’écriture inclusive de la part des professionnel·les de l’industrie.
Survol des résultats
Bien qu’elle fasse polémique parmi certains segments de la population, l’écriture inclusive est de plus en plus acceptée et utilisée, et les résultats du sondage Léger x Grenier mettent des données engageantes à cet égard. En effet, 69% des répondant·es affirment connaître les principes de l’écriture inclusive, ce qui indique qu’elle est moins marginale qu’on puisse le penser. De plus, la moitié disent l’utiliser systématiquement (22%) et parfois (28%), et parmi ceux-ci, ce sont les professionnel·les de la fonction publique qui l’utilisent le plus en comparaison (à 64%). Finalement, c’est un total de 31% des répondant·es qui ne connaissant pas du tout les principes de l’écriture inclusive. Alors, le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide?
Réactions sur le vif
Pour Alexandra Forget, linguiste et formatrice pour le Club Sexu et Les 3 sex*, les résultats de cette étude sont encourageants, même s’ils ne sont pas aussi positifs qu’elle l’aurait espérés. Elle reconnaît que sa perception est peut-être déformée par son environnement, alors qu’elle baigne dans des milieux et travaille pour des organismes qui sont déjà adeptes de ces principes: «Je suis consciente que l’écriture inclusive était autrefois limitée à un usage universitaire, dans le cas d’études sur le genre, et par des militant·es pour la diversité des genres. Il faut commencer quelque part, et donc forcément, que de plus en plus de personnes s’y intéressent, c’est une bonne nouvelle.»
De son côté, Benoit Domingue, président de l’agence numérique Ursa Marketing, était surpris par les données de l’étude, qui lui semblait peindre l’usage de l’écriture inclusive comme étant de plus en plus dominante. Chez Ursa, seulement une minorité des clients utilisent activement l’écriture inclusive: «Même si l’écriture inclusive est proposée au client, notre rôle n’est pas de conseiller sur la façon de communiquer, mais plutôt d’amplifier le contenu que le client veut mettre de l’avant», explique-t-il. Les préoccupations des clients reposent principalement sur la performance SEO des contenus qui utilisent l’écriture inclusive.
Alexandra Forget et Benoit Domingue
Impacts sur la performance
Comme nous en discutions dans cet article détaillant les impacts de l’écriture inclusive dans le monde des communications, les algorithmes sont des outils créés par des humains. L’usage de l’écriture inclusive, autant par les producteur.rices de contenu que par les internautes sur les moteurs de recherche, influence sa performance. C’est donc en l’utilisant davantage pour nos contenus web, ainsi qu’en prenant l’habitude de faire des recherches en utilisant les principes de l’écriture inclusive et des termes épicènes que son usage deviendra non seulement normalisé, mais que le contenu performera mieux sur les moteurs de recherche. Cela veut dire qu’il s’agit de notre responsabilité, en tant que spécialistes des communications, de promouvoir son usage et d’accompagner nos client·es et nos collègues à travers ce changement. Il ne s’agit pas de se sentir interpellé·e par ce changement personnellement, mais bien de s’assurer que tous·tes se sentent inclu·ses par la publicité et les médias québécois.
On parle d’écriture inclusive depuis quelques années, en partageant des ressources et en expliquant l’intérêt de son usage, mais force est de constater que beaucoup de chemin reste à faire. Alexandra donne énormément de formations à des professionnel·les des communications, et a donc espoir que l’écriture inclusive continuera à se forger une place dans l’usage commun, qui fait matière d’autorité lorsqu’on parle d’institutions linguistiques telles que l’Office québécois de la langue française. Avec des initiatives comme celles du guide Apprendre à nous écrire du Club Sexu et de l’organisme Les 3 sex*, ainsi que les Lignes directrices émises sur l’écriture inclusive par le Gouvernement du Canada au début du mois d’octobre dernier, nous avons bon espoir que l’usage grandira de façon exponentielle dans les années à venir.
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