Lorsque Jimmy Jolicoeur s’est lancé en relations publiques, il ne se doutait guère que quelque vingt années plus tard il allait devenir un spécialiste en gestion de funérailles. Au cours des cinq dernières années chez Imago communication, il a travaillé en étroite collaboration avec les gens de la Corporation des thanatologues du Québec et aussi avec quelques maisons funéraires. C’est ainsi que son aventure au cœur des cérémonies d’adieu les plus médiatisées au pays a commencé.

Jimmy N

« J’ai rempli mon premier mandat aux funérailles de Véronique Barbe, cette femme de 41 ans assassinée par son conjoint en septembre 2017. Les résidences funéraires Goyer, qui étaient responsables des obsèques, appréhendaient des débordements compte tenu de la couverture de presse dont avait fait l’objet le drame. On a donc pensé à moi pour préserver la famille des inconvénients extérieurs qui auraient pu nuire au bon déroulement de ce moment si émotif et douloureux ».

Un mal nécessaire ?
Selon l’opinion populaire, les journalistes sont souvent mal perçus lorsqu’ils couvrent des événements tragiques. Pourtant, leur apport est essentiel pour informer adéquatement le public. Autrement, les nouvelles circuleraient à tort et à travers. Jimmy relate : « L’idée, c’est de travailler de concert avec les équipes médiatiques. Mon deuxième mandat, ça été lors des funérailles du bébé martyre de Granby avec le Complexe funéraire Le Sieur. Comme j’avais acquis une certaine expérience, j’ai entrepris de rassembler tous les journalistes avant la cérémonie afin de leur indiquer clairement les règles à respecter. J’ai aussi demandé aux porte-paroles des différents intervenants de cet événement de s’adresser aux médias afin d’éviter que la famille ne soit dérangée. Il fallait aussi prévoir un endroit où stationner les camions des médias, parler avec le service de police, bref, penser à tous les détails techniques ».

Le métier qui rentre
D’une cérémonie à l’autre, Jimmy a développé de bons réflexes. Heureusement, car à l’été 2020, en pleine pandémie, il allait être « responsable » des funérailles des victimes de l’une des plus grandes chasses à l’homme de l’histoire du Québec : « Près de 3000 personnes sont venues rencontrer la famille le jour des funérailles des sœurs Carpentier. Il a fallu, entre autres, installer un écran géant à l’extérieur, inviter différents représentants (Josée Masson de Deuil-Jeunesse, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, le maire et le député de Lévis) à s’adresser aux journalistes selon un horaire, guider les caméramans et tenir un registre de visiteurs à cause des mesures sanitaires. Les gens du Groupe Garneau ont été extraordinaires ! », lance-t-il.  

Jimmy a aussi été appelé à se présenter aux funérailles de l’assassin des sœurs Carpentier, puisqu’on craignait qu’il y ait dérapage. Autre défi, les obsèques de Joyce Echaquan, morte dans des circonstances atroces à l’hôpital de Joliette l’automne dernier : « Puisque j’ai travaillé avec le Conseil de bande des Atikamekw de Manawan, il fallait tenir compte des différences culturelles », explique-t-il.

Bref, tout ça pour dire que Jimmy est désormais considéré comme l’homme de la situation lorsque des funérailles sont hautement médiatisées. Ce qu’il appelle « sa pratique » est particulièrement rare et extrêmement ciblée : « Ce que je fais aujourd’hui, c’est arrivé par la force des choses, mais ça s’avère vraiment important, car ce n’est pas aux maisons funéraires de voir à tous les détails dont je m’occupe et encore moins aux familles éprouvées », raconte Jimmy.

Les rituels
Jimmy
n’est pas celui qui prendra les décisions en lien avec la « mise en scène » d’une cérémonie : « Aux funérailles de Norah et Romy, il y a eu une envolée de colombes à la demande de la famille. Moi, ce que j’ai fait, c’est tout simplement de proposer d’installer les journalistes selon le meilleur angle pour capter l’action », précise-t-il. De toute façon, Jimmy avoue que son côté « gars » ne ferait pas de lui le meilleur « réalisateur » de cérémonies. Mais, il n’en demeure pas moins que son cœur de papa pleure toutes les larmes de son corps lorsque la pression retombe à la suite d’une journée particulièrement poignante. D’ailleurs, comment fait-il pour rester en contrôle ?  « Bien que mon rôle se situe au niveau des relations de presse — d’ailleurs, je ne parle jamais avec les familles endeuillées — le jour d’un service, je vais toujours à la rencontre du défunt ou de la défunte : je fais quelques prières, je me recueille et ensuite je me mets en mode planification », conclut-il. Comme on dit, le devoir l’appelle.  

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