Avec son but hautement grandiose (BHAG), Jean-Philippe Caron aspire à changer le monde un trophée à la fois, un million de fois dans la prochaine décennie. Objectif un peu délirant ? Oui, mais tout à fait réalisable affirme avec conviction le fondateur de Protocole-Trophées d’exception. Conversation avec l’homme bionique du trophée.
Synchronicité
Auparavant commissaire en œuvres d’art, Jean-Philippe est devenu ce qu’il se plaît à appeler un « Générateur de fierté » alors qu’il accompagnait ses enfants au parc par un bel après-midi. Hasard ou destin ? : « En tant qu’entrepreneur, j’ai tout simplement saisi une occasion », dit-il. Jean Perron, directeur adjoint des championnats du monde de la FINA en 2005, se trouvait au même endroit au même moment que celui qui allait découvrir son talent caché : « À ce moment-là, je n’étais pas un artiste, je les représentais. En faisant un brin de jasette avec Jean Perron, il m’a demandé si je pouvais lui concevoir des médailles et j’ai spontanément répondu par l’affirmative. Moi qui n’avais jamais dessiné ni produit d’œuvres, j’ai créé une médaille grandement louangée par les médias qui a connu un succès mondial et eu des retombées exceptionnelles ».
À cette époque où l’entreprise était connue sous le nom de Artifex, elle se spécialisait dans la conception de cadeaux d’affaires haut de gamme, dérivés d’œuvres d’artistes de renom : « On n'était pas du tout dans le domaine du trophée, mais ce que nous faisions était tout de même assez connexe », explique Jean-Philippe. Un peu de similarité, un grand potentiel créatif et plusieurs commandes à la suite de la FINA allaient mener à la naissance de Protocole - Trophées d’exceptions : « Au début, je ressentais un fort sentiment d’imposteur quand je créais et signais mes trophées, mais en évoluant dans cette industrie poussiéreuse, j’ai réalisé que j’étais vraiment bon, que j’y apportais un vent de fraîcheur et que ma business avait un réel potentiel à y croître. Ainsi, j’ai complètement abandonné la vente d’œuvres d’art créées sur mesure pour me lancer dans les trophées sur mesure et faire confiance à mon talent caché », relate l’entrepreneur.
Polarité
Le nom qu’a choisi Jean-Philippe pour son entreprise représente deux pôles bien distincts qui, cependant, sont parfaitement en lien avec le travail de Protocole - Trophées d’exception : « Mon choix nominal s’explique en partie par le fait que très souvent, je collabore avec le bureau du protocole de la remise des trophées des organisations. Il s’agit d’un univers bien structuré, ce qui exige de mon organisation de l’être tout autant. À l’image des agences de publicité, nous développons une stratégie de création de trophées en fonction des valeurs, des besoins, du message à véhiculer et du budget du client. En revanche, lorsque j’entre en mode création, je deviens complètement déstructuré, notamment parce que je crée un nouveau trophée tous les jours. Cela demande beaucoup d’inventivité, car chaque projet de création de trophées est unique. Mes clients ont des objectifs différents et c’est pour cette raison que nous suivons un protocole strict en termes de démarche, mais que nous sommes complètement éclatés au niveau de la création ». Toutes ces explications sont bien belles et réelles, mais Jean-Philippe a avoué que l’inspiration ultime pour le nom de son entreprise lui est venue après avoir vu le film Mission Impossible : Protocole Fantôme. Quand on dit que les idées de Jean-Philippe partent dans tous les sens !
Grandiosité
Nous en avons parlé d’entrée de jeu : dans 10 ans, Jean-Philippe aura vendu un million de trophées. C’est son mind setting, comme on dit en bon français. Et pourquoi pas ? : « Le marché du trophée en est un gigantesque à exploiter en Amérique du Nord. Les gens achètent beaucoup de trophées fabriqués en Chine, mais chez Protocole - Trophées d’exception, nous proposons une conception sur mesure et exclusive. » L’entreprise située à St-Lambert dans l’ancien musée du textile a converti la maison ancestrale qui lui sert de bureau, en musée du trophée : « Nous en avons une centaine en exposition. C’est franchement inspirant d’être quotidiennement exposé à toute cette beauté et cette histoire », raconte l’artiste.
Récemment, Protocole - Trophées d’exception, en collaboration avec Sid Lee, a réalisé un nouveau trophée pour Vidéotron qui a lancé un nouveau programme de reconnaissance pour ses employés : « Ç’a été vraiment intéressant de travailler sur le projet du Gala des prix Iceberg avec une prestigieuse agence. De son côté, elle a imaginé le nom, le logo et l’identité visuelle. Du nôtre, nous avons travaillé à partir de cela pour créer le trophée. Habituellement, c’est moi qui crée le trophée, mais dans ce cas-ci, c’est Sid Lee qui a proposé les idées tandis que je les ai optimisées », conclut Jean-Philippe.
Jean-Philippe Caron