Fun fun fun avec Gimmick, un studio de motion design qui a le vent en poupe. Discussion (et fou rire) en compagnie de François Dulac, directeur des opérations, et Benoît Fortier, directeur de création, deux des pionniers de la boîte. Il y a deux ans, Gimmick rencontrait le Grenier et les jeunes entrepreneurs se disaient adultes à la maison et ados « à la job ». Serait-ce toujours le cas ?

Escouade de taille

Un lundi, aux alentours de 11 h 01. Combiné à l’oreille, j’appelle chez Gimmick pour conduire l’entrevue. Je tombe sur la boîte vocale sur fond de musique me rappelant un jeu télévisé. La touche 3, c’est pour avoir des conseils capillaires (!) de Benoît Fortier. Le 0, c’est pour un refill de sauces fortes. Vraiment tentée de pianoter sur le 3, mais je me retiens et appuie plutôt sur le 5, où je rejoins François Dulac et Benoît au bout du fil dans une salle de conférence. Après les présentations, je demande à mes interlocuteurs s’ils sont toujours de grands enfants au boulot.

« Toujours le cas ! », me répond instantanément Benoit. « On travaille sur des projets super le fun où on peut s’éclater. Les enfants grandissent à la maison, donc pas le choix d’être responsables ! (RIRES) On bosse fort, mais on prend le temps de s’amuser, car c’est important. On réussit à mettre notre touche “Gimmick” dans tous nos projets. C’est l’fun ! », lance-t-il.

À peine deux ans plus tôt, Gimmick n’était constitué que de quatre membres. Il a maintenant gonflé ses rangs à 13. « Ça grossit pas mal. On est tout le temps à la recherche de l’équipe parfaite », mentionne Benoit. « Cela dit, on prend le temps d’engager les bonnes personnes. Il faut que ça fit autant au niveau talent et personnalité », précise François. « Même si l’équipe qui est un peu plus jeune que nous ne comprend pas toujours nos références des Simpsons ! », s’esclaffe-t-il.

Mouvement motion design

Surfant sur l’expertise 2D, 3D, design et animation, l’équipe de Gimmick est très bien balancée. La jeune boîte se fait maintenant approcher par de plus grosses entreprises qui ne les considèrent plus comme un petit joueur. Avec treize employés, Gimmick peut à présent s’enorgueillir de pouvoir livrer des projets de plus grande envergure. Dans une industrie où le dernier projet doit être autant bon que le précédent, sinon plus, Gimmick se voit toutefois dans l’impératif de décliner certains contrats. « On dit plus souvent non que oui. Il y a tout simplement trop de contrats et de propositions », mentionne Benoit. « On tient à grossir de la bonne manière pour livrer de la bonne qualité. » « C’est parfois mieux de dire non même si ça nous brise le cœur », poursuit François.

Dès le départ, les fondateurs de la boîte savaient que le motion design allait être le core de l’entreprise. Pas besoin de se diversifier, puisque le motion design englobe l’illustration, la projection, le 2D, le 3D et ainsi de suite. « C’est très large, et ça, peu de gens le savent », mentionne Benoit. Guilty, pensai-je. Il arrive souvent que le studio fasse 80 % du taf en s’occupant de A à Y (pas à Z, car c’est souvent une autre boîte qui s’occupe de l’audio) et ça tombe sous la branche motion design. D’autres fois, les clients les appellent pour des tâches un peu plus simples, car une partie du travail a déjà été fait en amont par l’agence.  Nul besoin de se renouveler pour le moment, puisque Gimmick a une panoplie de projets qui se jumèle à toutes les sauces. « La seule offre qu’on va diversifier, c’est notre offre de sauces fortes », rigole Benoit. [N.D.L.R : pour voir la variété de sauces que le studio a à offrir, c’est par ici.] « Au day-to-day, c’est ce qu’on veut faire et c’est ce qu’on fait le mieux. Ça nous passionne », mentionne Benoit en faisant allusion au motion design. Le studio concocte des publicités à foison, mais dans la dernière année, Gimmick a fait beaucoup de projections, notamment pour de gros événements. « Nous, on crée du contenu et on s’adapte aux formats par la suite, peu importe que ce soit pour la TV ou pour un écran géant de la grosseur d’un stade de football. »

Fierté locale au pays de l’Oncle Sam

Gimmick n’a rien à envier aux plus grosses boîtes — qu’elles soient à L.A. ou à New York. Les entrepreneurs martèlent qu’au Québec, on a un talent fou. Leur rêve ? Qu’une grosse agence aux States, avec un gros compte, les contacte afin de monter une équipe qu’avec les meilleurs. Et qu’ils y parviennent en présentant une « team full québécoise » en « livrant quelque chose de vraiment tight ». « Ça serait cool. C’est un peu un grand rêve, mais accessible », convoite François. Pas si démesuré, ce phantasme. La boîte fait déjà des démarches pour se faire connaître chez les voisins du Sud. « On va peser plus fort sur l’accélérateur », raconte-t-il. Par ailleurs, Gimmick a travaillé avec l’agence new-yorkaise Droga 5 sur une initiative interne de l’agence, g5

D’ailleurs, d’où leur vient l’inspiration bouillante sur leurs mille et un projets ? Musée, Internet, musique : elle fuse de toute part. Pour Benoit et François, lorsqu’un employé visionne une vidéo YouTube ou autre, ce n’est pas considéré comme du temps perdu. Au contraire, c’est vu comme de la recherche. « Tous les jours, on en mange, on en voit. On en partage aussi. » L’équipe chez Gimmick est d’ailleurs invitée à partager ses inspirations et références sur Slack (plateforme de communication collaborative) parce que
« le tout est plus grand que la somme des parties ».

En plus d’une ahurissante liste de clients — Cirque du Soleil, Québecor, 4U2C, Moment Factory, Lune Rouge, TribuGimmick travaille avec la très grosse majorité de grandes agences montréalaises… sauf lg2 ! « Ça fait 2 ans qu’on essaie — on tombe probablement dans les spams », mentionne François en riant. « Il doit s’être passé quelque chose, on a dû renverser de la bière sur quelqu’un pendant un party ! » (RIRES) Plaisanterie à part, les gars de Gimmick considèrent qu’eux-mêmes ne sont pas les meilleurs pour se mettre de l’avant. Ils dénichent les contrats parce que le mot se passe.

Et à quoi peut-on s’attendre du studio dans les prochaines années ? « Continuer de grossir de manière intelligente, et peut-être avoir un pied à terre aux États-Unis, aller en pitch contre les grosses boîtes et les remporter », conclut François.

Un « gimmick », c’est un « procédé astucieux à provoquer un effet marquant ». C’est un peu ça, la touche Gimmick. Une équipe qui a franchement l’air de s’épanouir et qui donne envie de s’amuser tout en travaillant avec elle. Sans gros ego, au rire facile.   

Gimmick