L’annonce de la loi sur les nouvelles en ligne (Loi C-18) bouscule le statu quo déjà précaire entre les médias canadiens, les géants du numérique et le gouvernement fédéral.

La loi C-18, en quoi ça consiste?
La nouvelle loi vise à obliger les géants du web, comme Meta ou Google, à indemniser les médias canadiens dans le cadre du partage de nouvelles sur leurs plateformes. Déjà adoptée, C-18 entrera en vigueur dans six mois, soit le 19 décembre prochain.

Ce qui dérange avant tout, c’est la fermeté avec laquelle les plateformes numériques se ferment à la discussion et la facilité avec laquelle elles semblent pouvoir quitter la table de négociation avec le gouvernement fédéral. Plus concrètement encore, Meta a déjà entamé un projet pilote en réponse à la loi C-18, en coupant l’accès aux nouvelles à une partie de ses utilisateurs canadiens. Du côté de Google, il semble qu’aucune action ne sera posée avant la mise en vigueur de la loi. La réponse d'Ottawa est aussi porteuse d’un message fort: le gouvernement a annoncé le retrait de tous ses investissements publicitaires sur Meta et appelle au boycott général des annonceurs canadiens sur ces plateformes.

Le bras de fer entre la Silicon Valley et Ottawa semble bel et bien engagé.

Quels sont les enjeux?
D’un côté, les médias canadiens défendent leur droit à être rémunéré de manière juste et équitable pour leur travail journalistique, alimentant un point de vue local et national pertinent et défendant le droit à l’information.

De l’autre, les géants du numérique se targuent d’être une source de trafic non négligeable vers les pages de ces médias alors qu’ils se rémunèrent en aval grâce à leurs inventaires publicitaires. Google estime ce trafic à hauteur de 3,6 milliards de clics, soit 250 millions de dollars en valeur monétaire, depuis son moteur de recherche vers les sites de nouvelles canadiennes en une année. Les entreprises médiatiques touchées par les mesures de Meta et Google pourraient se couper d’une part non négligeable de leurs visites en ligne, mettant ainsi en péril un modèle d’affaire déjà fragile.

Ces nouvelles mesures pourraient modifier le comportement des utilisateurs dans leur accès aux nouvelles canadiennes: s'abonner aux infolettres, se rendre directement sur le site web de leur média préféré, voire accepter de recevoir des alertes sur leur navigateur.

Parallèlement, pour les agences et annonceurs, la réflexion quant à l’importance d’investir dans les médias locaux est plus actuelle que jamais.

Notre vision
Chez Canidé, nous avons entamé la réflexion bien avant le début de ce tumulte médiatique (voir l'article : Pour en finir avec le réflexe Facebook) et notre prise de position s’intensifie encore aujourd’hui.

Signataire du mouvement des médias d’ici de l’A2C: nous réaffirmons notre engagement à investir un minimum de 25% de nos budgets dans les médias locaux. Notre but: participer activement à la création de contenus d’ici et améliorer nos pratiques en communication responsable.

Nous invitons notre industrie et les entreprises à se joindre au mouvement et à se mobiliser pour garantir la pérennité de nos médias grâce des investissements publicitaires responsables.

Par ailleurs, dans un tel contexte, rappelons-nous que les relations publiques, le marketing de contenu et le marketing d’influence (en dehors de l’écosystème Meta) disposent d’une pluralité de tactiques qui permettent aux marques comme aux organisations de maximiser leur impact et générer de la visibilité auprès de leurs audiences cibles. Ces approches offrent des terrains de jeu relativement épargnés où les marques peuvent continuer à développer des stratégies efficaces.

Pour demeurer informé sur les actualités concernant la loi C-18 et en apprendre davantage sur les nouvelles de l’industrie, abonnez-vous à l’infolettre Canidé.

Cette chronique provient du blogue de Canidé.

Sources
Gouvernement du Canada
La Presse
Le Devoir
Association des agences de communication créative (A2C)