Lors de la formation de Femmes en créa il y a à peine quatre ans, aucun jury de concours publicitaires créatifs dans l’histoire de ces concours au Québec n’avait eu une femme pour présidente. C’est d’ailleurs ce constat qui a été le fer de lance pour la création du regroupement.
Cette année, Idéa compte cinq présidentes sur les six jurys du concours. Selon Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’A2C, «cela repose en grande partie sur le travail des comités consultatifs de chaque discipline et à leur sensibilité aux notions d'inclusion et d'équité. Et nous pouvons témoigner du vent de changement que Femmes en créa a su insuffler en ce sens».
Est-ce qu’on peut dire qu’on est fières?
On est fières!
Fières qu’on reconnaisse les parcours de ces femmes inspirantes.
Fières d’avoir provoqué les discussions qui nous ont menées ici.
Fières de toutes celles et ceux qui ont encouragé le mouvement et soutenu la cause. Notre industrie n’en est que meilleure et plus inspirante pour la relève.
Nous avons donc voulu rencontrer l’ensemble des élu·es pour leur demander de commenter cette représentation historique.
Pour Anne-Claude Chénier, présidente du jury Création publicitaire et vice-présidente principale, Création chez Cossette, cette représentation est le juste reflet des agences plus progressistes. «Chez Cossette, ça fait des années qu’on cultive et nourrit le leadership au féminin. Enfin le vent a tourné et je trouve ça tellement beau.»
Même son de cloche du côté de Sophie-Annick Vallée, présidente du jury Résultats d’affaires et stratégie et associée, vice-présidente, Stratégie chez lg2, où le leadership a atteint l’équité depuis un moment déjà. « Maintenant c’est la feuille de route qui doit primer. Y’était temps! » dit-elle.
Mélanie Charbonneau, présidente du jury Craft/Production et réalisatrice chez Cinélande, se réjouit de voir que l’industrie est rendue là. «C’est le fruit d’un ensemble d’efforts: les discussions actives sur la parité des dernières années, la prise de parole de Femmes en créa pour que les choses bougent ainsi que les agences et les boîtes de production qui font de la place aux femmes.»
La présidente du jury Média et vice-présidente, directrice média chez Starcom, Julie Carbone, est fière de faire partie de cette nouvelle vague de changement. «Cette composition de présidentes reflète aussi l’évolution de notre société et industrie en ce qui concerne l’ascension des femmes dans des rôles exécutifs. J’ai hâte que ce soit la norme et qu’on n’ait plus besoin de le souligner», dit-elle.
«En design graphique, je pense aussi que la profession a évolué dans ce sens», dit Joanne Lefebvre, présidente du jury Design et présidente-directrice-générale de Paprika. «Si on regarde les inscriptions à l’UQAM par exemple, les femmes sont beaucoup plus nombreuses à poursuivre leurs études en design graphique qu’il y a quelques années.»
Seul homme président de jury, Alex Leduc, CDO, associé fondateur de Deux Huit Huit, qui chapeaute le jury Produits et expériences numériques, dit se sentir une peu comme «la mauvaise couleur dans une poignée de Smarties rouges». Il poursuit sa pensée en disant, «mon gut feeling me dit qu’on était pas mal dû pour un débalancement de ce qu’on a l’habitude de voir. Je trouve ça fresh mais je crois que ç’aurait dû arriver bien avant 2022 quand on y pense.»
Malgré ces avancées, personne ne prend rien pour acquis et s’ensuit une discussion sur ce que l’avenir réserve.
Anne-Claude Chénier se souvient d’un temps pas si lointain: «J’ai déjà été la seule fille avec 9 gars sur un jury. Bravo à Femmes en créa pour le coup d’envoi, mais il ne faut pas retourner en arrière!» dit-elle.
Mélanie Charbonneau aussi est encouragée, mais se garde une réserve: «Pour les réalisatrices un bon bout de chemin est fait, mais je souhaite voir plus de réalisatrices tourner plus souvent et sur des campagnes d’envergure.»
Chez Deux Huit Huit, Alex Leduc reçoit de plus en plus de portfolios de femmes. «Ça n’a pas toujours été le cas et c’est ce qui me laisse croire que les efforts des femmes de la génération précédente portent fruit aujourd’hui, même s’il reste encore du travail à faire au niveau des mentalités de certaines personnes plus lentes», dit-il.
Joanne Lefebvre fait le même constat. «Chez Paprika, nous avons toujours été sensibles à l’équité, d’autant plus que le studio a été co-fondé par une femme. Cela dit, nous n’avons pas pu la respecter pendant plusieurs années parce que peu de candidates répondaient aux offres d’emplois. Mais je suis fière d’ajouter que nous l’avons maintenant atteint cette équité et ce, depuis quelques années déjà!»
Et Sophie-Annick Vallée voit encore plus loin. «Il faut aussi travailler au niveau des nouveaux métiers pour retrouver l’équité à tous les niveaux de l’industrie. Et il faut interpeller les hommes. Ils ont un rôle important à jouer si on veut maintenir l’élan.»
Julie Carbone est d’accord: «Il faut continuer le progrès pour les années à venir, non seulement d’un point de vue équité hommes-femmes, mais aussi d’un point de vue diversité et inclusion en général.»
Femmes en créa se réjouit de voir cette montée de femmes talentueuses. Pour nous, c’est l’heureux résultat du travail amorcé il y a quatre ans, et on souhaite que ces nouvelles voix enrichissent les discussions des jurys et que les résultats soient le reflet de cette diversité.
Bien sûr, Femmes en créa ne s’arrête pas là et nous aurons de belles choses à vous proposer pour la suite.
En attendant, encore bravo à toutes et tous et bonnes délibérations.