Il y a deux ans, le Québec lançait sa Stratégie gouvernementale pour l'égalité entre les femmes et les hommes, mais la société semble encore peu disposée à voir des femmes assumer des postes de pouvoir. Les chiffres de Canada Statistiques récemment publiés montrent que plus de la moitié des conseils d’administration sont constitués intégralement d’hommes, et que 28 % ne comptaient qu’une seule femme. 

Nous pouvons nous réjouir des avancées majeures des dernières décennies et de l’évolution des normes sociales. Toutefois, les instances dirigeantes au Canada résistent encore à la féminisation. Si des doutes subsistent à ce sujet, ils seront balayés par la réalité. Les principaux indicateurs d’égalité, comme par exemple l’accès à des postes de direction ou les salaires, font du surplace depuis 20 ans. Au rythme actuel, il faudrait jusqu’à 180 ans avant d’atteindre la pleine égalité. 

Où sont donc les femmes dans les postes de direction ? Même si ce n’était pas l’objectif de départ, chez Yves Rocher en Amérique du Nord, nous avons depuis 2018 un comité de direction entièrement féminin. 

L’univers cosmétique, une exception ?
En Amérique du Nord, chez Yves Rocher, pratiquement 90 % des employés sont des femmes. Certains diront que c’est la nature du métier qui en attire plus, mais ce n’est pas forcément le cas. Lorsqu’on regarde les dirigeants des entreprises de cosmétique dans le monde en général, ce sont en réalité encore majoritairement des hommes, même si de plus en plus de femmes prennent la tête de ces entreprises, comme dans d’autres secteurs. Par sa nature même cependant, l’industrie aurait dû être en avance sur la représentation des femmes à la direction. 

C’est le même constat dans les grandes sociétés québécoises. 59 % des propriétaires d’entreprise sont des hommes et les femmes ne comptent que pour 20 % des membres des conseils d’administration des sociétés inscrites en Bourse, selon l’analyse du Conseil du Statut de la femme en décembre 2018. 

Développer le leadership au féminin
Contrairement à certaines idées reçues, les femmes cherchent, autant que les hommes, à avoir des responsabilités, et elles sont tout aussi qualifiées. Elles représentent 53 % des diplômés universitaires, mais elles ne sont que 45 % à être cadres de premier niveau, 35 % directrices, 25 % vice-présidentes et 15 % PDG.

Les entreprises, bien sûr, jouent un rôle crucial. Afin de pallier aux embûches que rencontrent les femmes pour accéder à des postes haut placés, il est nécessaire de développer leur leadership. Comme mon ancien patron, Jean-David Schwartz, a fait pour moi, il faut continuer à évoluer, à encourager et à faire fi de nos biais humains. C’est ce que je m’efforce de faire avec mes équipes. Chacune des sept femmes que compte mon comité de direction dirige leur équipe. Je suis vraiment là pour faciliter leur travail, les accompagner. Je vois mon rôle de leader comme une facilitatrice qui les appuie dans leurs fonctions.

Pour assurer une meilleure présence et représentation des femmes à la direction, on doit non seulement leur en donner l’opportunité, mais aussi encourager le leadership et leur donner les outils pour leur permettre d’atteindre leur plein potentiel professionnel. Le Québec peut mieux faire en matière de gouvernance d’entreprises, et nous devons continuer de travailler ensemble pour y arriver.