L’omniprésence du web (via les ordinateurs, les tablettes ou les téléphones intelligents) fait en sorte que presque toutes nos activités (du travail à la conduite automobile) doivent partager leur place avec ces nouveaux outils. Or, l’écoute télévisuelle ne fait pas exception à ce phénomène.

Certes, le multitasking en écoute télévisuelle (que nous traduirons par multitâche) a toujours existé. Jadis (euphémisme pour désigner il y a 4 ou 5 ans), les téléspectateurs pouvaient être déconcentrés de leur visionnement par des appels téléphoniques, la lecture d’un livre ou la présence d’un autre téléspectateur dans la pièce. Les moments moins captivants sont aujourd'hui autant de prétextes pour naviguer sur le net.

Le phénomène n’est pas sur le point de se résober, et ce, pour plusieurs raisons:
• Le taux de pénétration des ordinateurs plus légers et plus mobiles (laptop, tablettes et téléphones) ne cesse d’augmenter et la venue d’appareils comme le Kindle Fire à 199$ ne sera pas étranger à notre pronostic.
• L'arrivée continuelle de jeunes adultes déjà conquis à la cause contribuera à faire basculer la situation.
• Les stations de télévision elles-mêmes intégreront de plus en plus les réseaux sociaux, tant à leur promotion qu’à la conception des émissions, que ce soit en différé ou en direct.

Nous avons voulu documenter ce phénomène (au demeurant difficile à quantifier) en demandant d’abord à un échantillon représentatif d’internautes québécois s’il leur arrivait de naviguer sur Internet au même moment ou ils écoutaient la télévision.

L’étude démontre que 69% des gens ont déjà vécu cette expérience dans le passé. Quand on extrapole ce résultat aux gens qui n’ont pas encore accès à Internet, on évalue tout de même qu’environ 52% des Québécois partagent leur attention entre différents écrans.

L'occurrence du multitâche est évidemment plus élevée chez les internautes de 18-34 ans (81%), mais on constate tout de même que 64% des 35 ans et plus ont déjà vécu cette expérience de dédoublement. Soulignons finalement la propension des 65 ans et plus à entrer dans la valse du multitâche, près de la moitié d’entre eux (52%) utilisant la bande passante au même moment qu’ils regardent le petit écran.

ENGAGEMENT vs ATTENTION
Une analyse classique de ce partage d’attention entre le web et le signal télévisuel pourrait laisser présager une baisse importante de l’écoute réelle des émissions et à une moindre efficacité des pauses publicitaires.

Toutefois, nous croyons aussi que la présence du web puisse allonger et bonifier l’expérience télévisuelle. Les récentes initiatives de certaines émissions sur les réseaux sociaux (création et animation de communautés) témoignent de cette volonté. L’attention à court terme qui serait perdue pourrait alors être plus que compensée par un meilleur engagement à long terme envers la propriété télévisuelle. On devra toutefois trouver le moyen de faire une place aux annonceurs, qui auront manifestement écopé lors de l’écoute initiale.

Méthodologie: sondage réalisé du 26 au 28 septembre 2011 par MBA Recherche pour le compte de Substance stratégies auprès de 1000 internautes québécois francophones et anglophones âgés de 18 ans et plus.