Au moment de créer substance stratégies, j’ai eu une (autre) occasion de repartir à zéro (j’ai d’ailleurs tendance à lancer une nouvelle entreprise à chaque étape importante de mon existence, mais ça, c’est une autre histoire).
La réinvention est grisante et inquiétante en même temps. Elle permet toutefois de questionner l’ordre établi et de faire tabula rasa sur certains éléments qu’on tenait pour acquis ou qu’on souhaitait changer dans notre vie. C’est le cas pour les cartes d’affaires (et toute forme de communication papier d’ailleurs).
Imaginez! J’ai même cogité à l’utilité des cartes d’affaires! Au-delà de la possibilité toute fonctionnelle de connaître les coordonnées de la personne nouvellement rencontrée, il est indéniable que la carte d’affaires est profondément ancrée dans notre psyché collective d’affaires et qu’elle joue plusieurs rôles, notamment:
• Un lubrifiant social en début de rencontre
• Le symbole de la confirmation ou de la concrétisation d’une relation d’affaires
• L’intention narcissique de démontrer son titre ou son niveau hiérarchique
• La volonté de vouloir montrer le style et la créativité de son organisation
• L’assouvissement du fantasme de collectionneur (on n’a qu’à constater le cartable protecteur qu’utilisent certaines personnes pour s’en convaincre)
Pour ma part, je n’ai plus à penser créer ou faire imprimer des cartes d’affaires. Cette conclusion n’est aucunement attribuable à la vanité ou à la certitude d’une certaine notoriété, mais bien par principe. D’ailleurs, aucun employé de chez substance stratégies n’a ou n’aura de carte d’affaires.
Évidemment, je n’ai pas toujours eu cette opinion et si je la soutiens aujourd’hui, c’est que la carte d’affaires est à mon avis figée et coincée dans le passé. Le web fait en sorte qu’il est presque plus rapide de trouver votre nouveau contact sur Internet que de chercher (souvent vainement) une carte d’affaires. Quel est d’ailleurs le premier geste que l’on fait lorsqu’on recueille une carte d’affaires? On saisit les coordonnées dans sa banque de contacts! La durée de vie d’une carte d’affaires est donc réduite d’autant.
Le fait de «googler» une personne récemment rencontrée en dit beaucoup plus sur celle-ci qu’un simple morceau de carton, aussi joli soit-il. Bien entendu, cette requête sur le web a pour zénith Linkedin; qui compte plus de 100 millions de membres au sein de la communauté d’affaires et qui vient de passer Myspace au deuxième rang des réseaux sociaux. Llinkedin est aux relations d’affaires ce que Facebook est aux relations d’amitié (terme à géométrie variable toutefois). D’autre part, Linkedin possède un énorme avantage par rapport à la carte professionnelle: il vous informe du parcours de votre contact alors que la carte traditionnelle n’est que le reflet du présent. Cette connaissance du background de votre contact vous permettra de mieux le comprendre et, parfois, de découvrir des expériences ou des intérêts communs (ce qui favorise le développement d’une relation plus vraie). N’est-ce pas là un lubrifiant social plus efficace? Ne vous surprenez donc pas si, en vous rencontrant pour une première fois, je ne vous propose pas de carte d’affaires. Je pourrai peut-être même gentiment décliner de prendre la vôtre. Il y a d’autres moyens de vous connaître et de vous suivre. Après tout, je suis un chercheur…