Abonnez-vous au blogue de François Descarie
Un homme originaire d’Afrique, maintenant installé à Villeneuve sous Bois en France, est la toute nouvelle star du web 2.0 en Europe francophone. Immanquablement vêtu de sa veste de l’équipe brésilienne de soccer, ses premières vidéos, d’une naïveté déconcertante, mais d’une bonhommie certaine, lui ont permis d’afficher complet par trois fois sur ses pages personnelles Facebook et de réunir 125 000 fans sur sa page officielle (à titre comparatif, Johnny Halliday, ultime icône du rock français, compte 46 000 fans). Les 17 capsules vidéos de son canal Youtube ont été téléchargées près de 2 millions de fois en un seul mois d’existence.
Nouvelle vedette du soccer européen? Chanteur reggae? Pas tout à fait. Officiellement, Mamadou Seydou Koulibaly est policier au commissariat de Villeneuve sous Bois. Il utilise Facebook, non sans peine, pour nous divertir, raconter ses exploits professionnels et… rencontrer des filles.
La SPVM ou la SQ accorderait-elle sa bénédiction à un policier québécois qui désirerait en faire de même? Croyez-vous sincèrement que la mairie de Villeneuve sous Bois ait donné son aval à son «employé»?
Maintenant, soyez curieux et tapez «Villeneuve sous Bois» dans Wikipedia… Étrange, non?
Derrière cette petite opération virale devenue grande, se terre la campagne originale de promotion du film «Beur sur la ville», qui fera son arrivée sur les grands écrans français le 20 juillet prochain. Koulibaly (de son vrai nom Issa Doumbia) y joue le rôle d’un policier dont la surcharge pondérale n’a d’égale que sa maladresse. Il s’agit bel et bien d’un comédien professionnel, qui n’a probablement jamais donné une seule contravention de sa vie.
Nul ne peut prédire le succès que remportera cette comédie, mais il faut saluer cette approche virale. Nous sommes en effet bien loin des Star Wars Kids de ce monde. Les nouvelles stars du web au service de la promotion exercent désormais leur art en toute connaissance de cause.
La prolifération des réseaux sociaux et la place prépondérante que ceux-ci occupent dans la vie des jeunes (et parfois des moins jeunes) rendent ce genre d’opérations promotionnelles particulièrement efficaces. Dans ce cas-ci, on peut croire que les élucubrations de Koulibaly aideront autant le nombre d’entrées au cinéma que la traditionnelle bande-annonce.
Évidemment, la réussite d’une telle opération dépend de plusieurs facteurs (outre une bonne dose de timing et de chance). Le succès est plus probable quand la cible de la promotion est une forte utilisatrice du web. Les vidéos doivent être drôles et habilement amateurs, de sorte que l'on souhaite les partager. Évidemment, l'association au produit doit être délicate et la méconnaissance du comédien est un passage obligé pour aguicher les gens.
Ce genre d’opération est appelée à être de plus en plus récurrente au fil des ans. Les barrières à l'entrée sont relativement basses car la créativité, la drôlerie ou l'originalité ne sont pas le seul apanage des grandes sociétés. Certes, il n’existe pas de mode d’emploi et on assistera sûrement à un concert d’essais et d'erreurs. Paradoxalement, plus les success stories s’accumuleront, plus il deviendra ardu de créer l’effet de surprise désiré.