Avec des collaborations prestigieuses pour Facebook, Instagram, Coca-Cola et Porsche — rien que ça — Gimmick Studio s’impose sur la scène internationale avec un style audacieux. Pourtant, au Québec, le studio reste curieusement discret. Une discrétion que ses cofondateurs, François Dulac et Benoit Fortier, voient comme une opportunité: (re)connecter avec les créatif·ves d’ici, tout en maintenant leur élan à l’étranger.
L’art de mixer rigueur, plaisir et talent
Qualité, rigueur, simplicité et plaisir, voilà le savant mélange de la recette Gimmick. «Ça fait un peu corporate bullshit (RIRES), mais c’est vraiment ce qu’on essaie de faire au quotidien», dit François. Et visiblement, ça marche: le studio montréalais s’est forgé une réputation enviable, au point de se mesurer aux plus grands. Spécialisé en motion design, animation typographique, 2D, 3D et illustration, Gimmick a rapidement prouvé que le talent québécois pouvait rivaliser avec les géants internationaux. «Les premiers pitchs qu’on a gagnés contre de gros studios de références aux États-Unis ont été un tournant», se souvient Benoit. Porsche, par exemple, a été une réalisation marquante: les «p’tits counes du Québec» qui scorent à Los Angeles! La pandémie, paradoxalement, a aussi été un levier. Avec les pitchs en Zoom, ils ont pu jouer dans la cour internationale sans quitter leur studio à Montréal.
Aujourd’hui, avec deux nouveaux actionnaires à bord — Gabrielle Doré et Alex Verville —, le studio vise encore plus haut. François et Benoit plaisantent sur une retraite imminente grâce à la relève, mais le duo voit surtout dans cette expansion une façon d’envisager l’avenir avec optimisme. «Ça me rend fier qu’on pense au futur de Gimmick», dit François. Mais pas question de grossir à tout prix. Leur mantra? Rester «lean» — privilégier une petite équipe soudée (de 19 talents) plutôt que céder aux sirènes de la croissance effrénée.
Un géant à l’international, un secret bien gardé au Québec
À l’international, Gimmick est reconnue pour sa capacité à piloter des projets de A à Z. Mais au Québec, l’image reste floue. «Beaucoup nous perçoivent comme une boite de post-production. Pourtant, 80 à 90 % de nos mandats incluent toute la production», expliquent François et Benoit. Le duo reconnaît avoir sous-estimé sa visibilité dans la Belle Province, un choix qu’il justifie par sa tendance à se concentrer sur le prochain projet dès qu’un projet local est achevé, même s’il est «le plus beau de l’univers», sans prendre le temps de le mettre en lumière. «On a sous-estimé l’importance de faire rayonner nos projets ici, alors qu’à l’étranger, nos représentants travaillent chaque jour à bâtir notre crédibilité, notre brand. Ici, on a assumé à tort que les gens nous connaissaient. On a été un peu lazy, confie François. Mais on travaille à mieux mettre nos projets de l’avant, notamment sur le Grenier (RIRES) et les réseaux sociaux.»
Une conversation avec Andres Norambuena back in the days les motive à recentrer leurs efforts sur le Québec. Quand l’économie ralentit, ce sont les clients locaux qui peuvent te sauver la mise, leur avait-il lancé, à quelques mots près (ça fait quand même un bail.). Une réflexion qui a résonné profondément chez François et Benoit, et qui alimente aujourd’hui leur volonté de renforcer leurs liens avec la scène québécoise, que ce soit via plus de projets pro bono ou un retour aux concours comme Idéa. Et pourquoi pas, glisse Benoit, une réédition de leurs fameuses sauces piquantes (IYKYK).
Quand l’animation devient une signature
Côté réalisations, Gimmick s’illustre au Canada anglais et à l’international avec des collaborations avec des poids lourds, mais aussi des partenariats de longue date avec des agences d’ici qu’elle estime beaucoup. Pensez à Loto-Québec, un partenariat qui la fait briller depuis sept ans, ou encore des agences comme Sid Lee, Rethink, LG2, etc. « Et en plus, nos parents comprennent enfin ce qu’on fait quand ça passe à la télé ! (RIRES) »
Si les lunchs d’affaires et rencontres fortuites se sont faits plus rares (aléas post-pandémiques obligent), Gimmick souhaite tout de même redoubler d’efforts pour affirmer sa présence locale. Le studio prévoit multiplier les lunch and learn et même des présentations sur place, en personne, si l’occasion s’y prête. Son message ? Exploiter le potentiel de l’animation 2D/3D et du mixed media. « Il y a tellement de projets en 2D ou 3D qui gagnent des Prix Or ou Grand Prix aux Idéa dans les dernières années. On a tout ce qu’il faut ici pour créer du haut niveau. »
D’après les cofondateurs, les projets en animation restent encore sous-estimés. Pourtant, ils en sont convaincus : l’animation a un pouvoir unique pour créer des émotions et un storytelling fort. Parfois, mixer les styles peut donner des résultats bluffants. « Par exemple, on a travaillé sur un projet où il fallait produire plusieurs vidéos dans des styles totalement différents : 2D, 3D, style anime, live-action avec VFX. Pour la partie live-action, on voulait absolument collaborer avec Ben Steiger — on adore son style. Alors, on a fait appel à nos potes chez Rodeo pour concrétiser ça. C’était vraiment un cool projet ! », s’enthousiasme la paire.
Studio de référence en ligne de mire
Pour Gimmick, l’objectif avoué est simple: être perçu comme un studio de référence. «On ne veut pas tout faire, mais quand un projet nice débarque, on veut être dans la discussion pour proposer des styles innovants.» Et s’il ne peut pas prendre un mandat ? Il passera volontiers la «palette» à un autre studio, comme Shed ou RodeoFX l’ont fait pour lui à ses débuts. «On avait trouvé ça vraiment sympa. C’est un peu notre tour maintenant.»
Au final, Gimmick ne vise qu’une chose : être l’expert #1 en animation et continuer à livrer des projets qui déchirent. «L’objectif reste de livrer les plus beaux projets, peu importe d’où ils viennent, que ce soit d’une agence locale, de New York ou de Londres», résume François.
Avec son cocktail de créativité et fun décomplexé, Gimmick n’a pas fini de se démarquer — ici, ailleurs, et partout entre les deux. Consultez son portfolio ici.