Nous n’avions rien compris de cette image qui, en 2005, a fait le tour du monde. Nous y avions vu un triangle inversé dans la page des résultats de Google. Si les gens ne cliquaient pas sur les résultats plus bas, c’est qu’ils ne les voyaient pas. Vrai, mais le message important était ailleurs.
D’abord une explication sur l’image. On installe des gens devant un poste de travail, puis on leur demande de trouver et d’acheter quelque chose. Une caméra suit leurs mouvements d’yeux pour déterminer où leurs regards se posent sur l’écran. Entre 80 et 100 % des usagers ont vu la zone rouge. Le pourcentage diminue à mesure que les couleurs deviennent plus froides. Pratiquement aucun internaute ne regarde les zones en violet foncé ou en noir.
Ce que nous n’avions pas compris, c’est le passage de la zone rouge à la zone orange : on y perd 20 % des lecteurs. À peine 15 ou 20 caractères sont suffisants. En fait, après une quarantaine de caractères, deux lecteurs sur cinq ont décroché.
Votre conclusion ? Les rédacteurs web qui suivent mes formations répondent immanquablement « nos textes doivent être courts ».
Non, ce n’est pas la bonne réponse.
Un texte de 20 caractères n’est pas trop long. Cet article en fait 5 000, et pourtant vous le lisez. Les gens ne décrochent pas parce qu’un texte est trop long, mais parce qu’il n’est pas assez pertinent pour combler leurs besoins immédiats. Et par « immédiats », j’entends « une demi-seconde ». Au bout de ce délai, vous avez déjà perdu beaucoup de lecteurs.
La question n’est donc pas « est-ce que mon paragraphe est pertinent ? », ni même « est-ce que ma phrase est pertinente ? ». Ça se passe au niveau de chaque mot. 20 caractères non pertinents, et c’est déjà l’échec.
Cette règle des 20 caractères n’est pas absolue. 20 caractères superflus au milieu d’un article très intéressant ne font décrocher personne. Pas plus que les 2 000 caractères superflus au milieu d’un roman passionnant. La règle s’applique là où votre lecteur fait un premier contact avec votre contenu : le < title > de votre page d’accueil, le début de votre article, le PDF envoyé à un client potentiel...
Des exemples concrets ? Voici les premiers mots des articles obtenus dans Google avec « article blogue »:
• « Parce que la création de contenu est encore un aspect très important en 2013, il est important de savoir comment bien écrire. » Sérieusement, quelqu’un a appris quelque chose avec ces 125 premiers caractères ?
• « Un blogue devrait occuper une majeure partie de votre stratégie de Inbound Marketing puisque c’est l’un des meilleurs moyens d’attirer du trafic et de générer des leads pour votre entreprise. » Le titre de l’article est « 3 façons d’obtenir des résultats avec votre blogue ». Le lecteur qui s’y intéresse aura-t-il appris quelque chose dans cette phrase de 191 caractères ?
• « Vous est-il déjà arrivé d’avoir le syndrome de la page blanche ? Y a-t-il une journée où vous aviez l’impression que votre cerveau avait une fuite ? Vous êtes vous déjà posé cette question : “Sur quel sujet pourrais-je bien bloguer aujourd’hui ?” Ce qui est important de savoir c’est que ça peut arriver à tous. Il y a de ces journées où rien ne vient et où l’on doit donc aller chercher de l’inspiration, car celle-ci n’est pas au rendez-vous. Que ce soit lors de l’écriture d’un article de blogue ou bien lorsque vous décidez des sujets de blogue qui seront écrits dans le mois à venir, il se pourrait que vous ayez besoin d’un petit coup de main. » 646 caractères, vraiment ? On peut générer autant d’empathie pour le lecteur avec trois fois moins de texte.
(Note : même si je critique un aspect très pointu de ces textes, ils sont quand même assez bons pour être premiers dans Google !)
Ce que vous devez retenir : le rédacteur et celui qui approuve ses textes doivent vérifier la pertinence de chaque mot. L’application de cette règle doit être impitoyable dans les éléments de la page que le lecteur survolera avant de lire : titre, début du premier paragraphe, intertitres, vignettes, etc.
Étienne Denis est un consultant en stratégie de contenu chez 90 degrés. Si cet article vous a intéressé, inscrivez-vous à sa formation théorique Rédaction Web et SEO : ce qu’un rédacteur doit (absolument) savoir aujourd’hui ou à sa formation théorique et pratique.
Image : Mediative