Facebook a annoncé récemment qu’il serait en mesure de déployer la solution « Facebook at Work » d’ici la fin de l’année. On ne connaît pas encore toutes les fonctionnalités qui seront offertes aux entreprises qui décideront d’utiliser cette version « professionnelle » de la plateforme. Cependant, on sait que Facebook souhaite ainsi consolider sa suprématie en offrant un outil qui permettra aux employés d’échanger sur des sujets professionnels au même titre qu'on peut le faire avec Yammer (Microsoft), Chatter (Salesforce) ou encore, Hangout (Google).
Une bonne nouvelle pour certains...
De nombreux experts se réjouissent de cette nouvelle. En effet, la grande force de Facebook est que nous pouvons qualifier cette plateforme de « naturelle ». Selon le dernier rapport du CEFRIO, 70 % de la population québécoise utilise Facebook. Tout le monde est donc plus ou moins familier avec l'interface ce qui devrait rendre une potentielle implantation plus facile. Le grand défi de la plupart des plateformes qui ont tenté de supplanter les intranets est le fait qu'elles représentent un nouvel environnement de productivité auquel doivent s'habituer les travailleurs: « encore une autre plateforme!!!». Le défi des plateformes totalement intégrées est qu'elles deviennent trop complexes et le défi de la multiplication des plateformes est justement lié au fait qu'il s'agit d'une nouvelle plateforme à laquelle on doit s'adapter.
Facebook semble donc une solution très prometteuse.
...une mauvaise nouvelle pour d'autres!
Ceci dit, Facebook nous a habitués à une approche très libérale dans la conservation des données. Internet regorge d'articles faisant état du fait que Facebook conserve toutes nos données dans ses nombreux sites de stockage. S'il ne les rend plus disponibles sur le site de réseautage Facebook lorsqu'on les a effacés, il semblerait que le géant du réseautage social s'octroie le privilège de conserver nos données sur ses serveurs. En fait, pour être plus juste, ce sont les membres du réseau qui, en acceptant la licence utilisateur, octroie à Facebook ce privilège.
« Jusqu’ici, l'utilisateur cédait à Facebook le droit d'utiliser ses données (photos ou vidéos, par exemple). Désormais, le réseau social sera propriétaire de ces données ».
En fait, loin de nous l'idée de pointer du doigt Facebook. La plupart des plateformes 2.0 se comportent de la même façon. À l'heure où l'on vous écrit, un bras de fer a lieu entre Google et la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) puisque le moteur de recherche refuse d'appliquer ses obligations en ce qui à trait aux droits à l'oubli sur les versions de son moteur de recherche en dehors de l'Europe. Mais bon, c'est un autre débat!
Revenons à Facebook! Les entreprises qui souhaitent implanter cette plateforme comme outil de communication interne feront face à deux scénarios potentiels:
1- Facebook devra, dans ses conditions d'utilisation, s'engager légalement à garantir la confidentialité et l'inaccessibilité des données de l'entreprise. En effet, aucune entreprise n'est prête à utiliser une plateforme qui pourrait avoir accès à ses secrets d'affaires sans obtenir de solides garanties en contrepartie. Ce scénario nous apparaît peu probable, mais ne portons pas de jugement avant d'avoir toutes les informations en main. Même si c'était le cas, les entreprises devront soumettre à leurs avocats ses conditions d'utilisation, car elles sont souvent complexes et difficiles à interpréter.
Ou encore
2- L'entreprise devra encadrer et limiter la nature des communications sur la plateforme « Facebook at Work » pour éviter que des employés ne partagent des secrets d'affaires, ce qui, vous en conviendrez, irait à l'encontre même des raisons pour lesquelles la plateforme devrait être installée. Nous devrons attendre d'avoir accès à plus d'informations pour savoir lequel des scénarios est le bon.
« Facebook at Work »: la partie n'est pas gagnée d'avance
Considérant qu'il y a encore beaucoup d'entreprises qui hésitent à autoriser leurs employés à utiliser les médias sociaux au travail, il est peu probable que l'on assiste à un engouement démesuré pour la plateforme. Facebook aura ses preuves à faire et la partie n'est définitivement pas gagnée d'avance...De nombreux décideurs se méfient de l'étanchéité de la plateforme et malheureusement, l'histoire leur donne raison.
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Par Emilie Pelletier et Didier Dubois - Groupe HRM.